Débrief : Russie 2021.
Encore une fois : quelle course ! Cette saison 2021 est réellement unique et spectaculaire quand l'on est le Dimanche soir du Grand-Prix de Russie, et que l'on est heureux de ce qu'on a eu l'après-midi. Entre des Qualifications mouvementées à cause de la pluie, une grille remaniée avec toutes les pénalités appliquées, ce qui amène des batailles à tous les niveaux, et une fin de course détrempée pour rebattre presque toutes les cartes, cette édition est sans l'ombre d'un doute la meilleure que Sotchi nous ait proposé depuis sa création.
Et pourtant, lorsque l'on regarde le classement final, rien ne peut nous laisser penser à une épreuve folle... Un Lewis Hamilton vainqueur, atteignant d'ailleurs enfin sa 100e victoire en carrière, un Max Verstappen second, Valtteri Bottas qui bute au 5e rang, et Perez qui est tout proche de la porte des points. En bref, rien de surprenant... Mais quand l'on sait ce qui s'est passé, cela a une toute autre saveur. Hamilton d'abord, aura, avec son équipe, réussit à maximiser ses chances pour remporter cette course, et permettre à Mercedes de rester invaincu ici. Malgré un premier relai difficile, derrière le petit train de George Russell (on y reviendra...), l'idée de rester en piste pour permettre à ses pneus d'avoir une seconde vie était la meilleure. Il gagne, rien que sur cette stratégie, trois places. Vient l'arrêt, idéal, et le second relai, tout en attaque, pour doubler Sainz et se rapprocher de Norris. Puis la pluie, élément déterminant du weekend, est venue donner un petit coup de pouce au Britannique pour rebattre les cartes et lui permettre de doubler Lando Norris. Max Verstappen aura lui aussi grandement profité de cette pluie et de la faute stratégique de McLaren et de Norris (on y reviendra aussi...). Auteur d'une fabuleuse remontée, et d'un premier relai digne des touts meilleurs, Super Max limite alors très largement la casse. Puis viennent les derniers arrêts : du temps perdu pour Perez, un passage aux Intermédiaires anticipé, et un rythme solide viennent s'ajouter aux erreurs des pilotes restés en pneus slicks. Il termine second, alors qu'il partait dernier, et qu'il a désormais un nouveau moteur. Ces deux géants que sont Hamilton et Verstappen règnent, plus que jamais, en maitres sur la discipline, loin devant leurs coéquipiers, loin du rythme et très chanceux pour l'un, rapide et victime d'un arrêt longuet pour l'autre...
Derrière, ou plutôt devant pour ce weekend, on retrouvait les deux McLaren et les Ferrari, surtout celle de Carlos Sainz. L'Espagnol se hissait, à la suite des Qualifications, sur une première ligne assez inespérée vu le rythme affiche en Q2. Après un bon départ, il vire en tête, puis se fait rattraper par Norris. Il tombe à la deuxième place, son ingénieur lui parle de jouer le top 5, puis la pluie (encore et toujours elle), permet à Carlos Sainz de revenir sur le podium. Son coéquipier n'était pas en reste non plus jusque dans les derniers tours, puisqu'il avait réussi une très belle remontée, de la 19e place à la 4e, avant d'être victime de la pluie, et lui aussi d'une erreur, le faisait chuter à la 15e place. Lando Norris a bien moins chuté, même si le sentiment est sûrement pire... Après avoir lâché un espoir de victoire à Monza, il tenait sa revanche à Sotchi. Poleman, il reprend la tête après quelques tours, puis s'envole et affiche un rythme excellent. Il maintient Hamilton dans ses échappements avant que la pluie n'arrive, que son choix de rester en piste ne s'avère finalement pas être le bon, et qu'il dégringole dans le classement. C'est un Lando Norris en larmes, abattu, qui sort de sa monoplace après une course qu'il aura, dans l'esprit de tous, remporté moralement. McLaren conserve tout de même de gros points avec Daniel Ricciardo, qui termine à la porte du podium après une course solide.
Puis dans le reste du midfield, on a surtout retrouvé des pilotes plus que des équipes ce weekend : Alonso pour Alpine, Räikkönen pour Alfa Romeo, Russell pour Williams. Les trois terminent dans les points, tous à de très belles positions. Le premier a, pendant toute la course, tenu la dragée haute à ses adversaires du jour. Le second profite là aussi de la pluie pour sauter du 15e rang au 8e. Enfin, le dernier est peut-être le plus impressionnant, avec une nouvelle qualification de folie (P3), avant de tenir le rythme sur tout son premier relai. Malheureusement le rythme global de la Williams pêche encore, et il retombe à la clôture des points. Tous leurs coéquipiers auront été transparents, bien loin des capacités présentées par ceux qui sont rentrés dans les points.
Dans les autres déceptions, on retrouve Alpha Tauri, et surtout Pierre Gasly, qui aura gâché son weekend dès le Samedi, et les Qualifications. Bloqué en Q2 à cause de demandes qui n'ont pas été entendues par l'équipe, le français est coincé avec une voiture difficile et un rythme loin d'être aussi impressionnant que celui dont on a l'habitude. Yuki Tsunoda pouvait, pour une fois, compenser tout cela, en terminant très haut, mais la pluie, encore et toujours, et encore, et toujours, aura coupé l'herbe sous le pied du pilote nippon.
Enfin, un petit mot sur les Aston Martin qui, jusqu'à la mi-course, pouvaient jouer quelque chose de très intéressant. Cela s'est transformé en quelque chose d'intéressant en seconde partie de course, pour au final se terminer à un duo à la porte des points, avec en plus de cela deux accrochages, dix secondes de pénalités pour Stroll, et une grosse frayeur pour Vettel. Un weekend à oublier pour l'écurie britannique.
Qui a le plus perdu ?
Lando Norris. Difficile de parler de quelqu'un d'autre... Solide poleman, leader assumé pendant la quasi-totalité de la course, capable de s'envoler à plusieurs reprises, et de distancer ses concurrents principaux, il avait, jusqu'à cinq ou six tours de la fin, la première victoire de sa jeune carrière entre les mains. Mais... La pluie est venue lui priver d'une belle fête. Un pari risqué de rester en piste, quitte à perdre du temps, mais en capitalisant sur un arrêt de Lewis Hamilton. La pluie redoublant d'intensité, et les pneus slicks devenant inutilisables, le pari était inévitablement manqué. Alors à qui la faute ? A McLaren de ne pas avoir prévenu Norris ? Au pilote de ne pas avoir écouté son équipe ? Au hasard d'une averse inattendue ? Peut-être un peu de tout, mais le résultat est là, et il est sans appel : d'une victoire et d'un meilleur tour, Lando Norris tombe au 7e rang. Il est sûrement le vainqueur moral, mais dans le classement, ça ne compte pas ça...
Qui a le plus gagné ?
Max Verstappen. C'était l'idée de changer de moteur à Sotchi, en même temps que de purger la pénalité obtenue suite au Grand-Prix d'Italie : limiter la casse. Nous en parlions avant le weekend, et nous disions justement que si Super Max arrivait à marquer de gros points, c'était totalement bénéfique pour sa quête de titre. Autant dire que là, c'est un chef-d'œuvre ! Parti dernier, il termine second, et bénéficie désormais d'un nouveau moteur, là où son concurrent principal devra sûrement en débloquer un avant la fin de l'année, et partir à son tour du fond de grille. Est-ce qu'il arrivera à remonter deuxième pour effacer l'exploit de Red Bull ? Pas sûr... Et quand l'on voit l'écart ridicule qu'il y a entre les deux protagonistes, ce Grand-Prix de Russie pourra peser très lourd dans la balance en fin de saison.
En bref.
+ Sotchi c'était bien ! Très bien même ! Du spectacle, des dépassements, de la pluie, etc.
+ Le haut du midfield a pris les commandes, avec les McLaren et Ferrari en tête de liste.
+ Le niveau de la lutte entre Hamilton et Verstappen, même lorsqu'ils sont aux opposés de la grille.
– Les paris manqués qui coûtent cher pour Norris, Leclerc, et quelques autres.
– Nos deux Français aux abonnés absents.
– Aston Martin qui se tire une balle dans le pied alors qu'il y avait moyen de gagner gros.
Comments