Débrief : Qatar 2021.
Sur un nouveau circuit, plutôt typé pour la moto, il était difficile de se faire une image précise de ce qu'allait nous réserver le weekend. On s'attendait à quelque chose de spectaculaire visuellement, de très rapide, et de peu propice aux dépassements. Même si pour ce dernier point, les choses furent moins pires que prévu, on ne s'est globalement pas trompé. Une seule petite chose est venue dynamiser ce weekend assez prévisible : l'inconnu d'un nouveau circuit, de son tracé et de ses exigences...
Et sur le quatuor de tête, Valtteri Bottas est celui qui en a le plus fait les frais. C'est le premier d'ailleurs à avoir vu son pneu avant gauche s'éventrer à cause de l'exigence que représentent les 16 virages de ce tracé ultra-rapide. Une crevaison qui vient gâcher une stratégie audacieuse, visant à ne faire qu'un arrêt pour tenter de doubler d'autres voitures sur une stratégie à deux arrêts. Un weekend globalement en dents de scie pour le Finlandais qui réalise une très belle qualification, avant d'écoper de trois places de pénalités pour non-respect d'un drapeau jaune sur cette même séance. Le lendemain, il perd cinq places au départ, puis met du temps à se lancer. Et une fois que la machine est en marche, c'est son équipe qui tarde à le faire rentrer, et qui en demande trop à des pneus qui n'auraient dû faire que 26 tours maximums selon Pirelli... Et tout ça en opposition à Perez qui lui a réalisé un bon départ, mais a dû essuyer deux arrêts assez tôt ne lui facilitant pas la tâche pour remonter. Deux « lieutenants » qui ne seront finalement pas rentrés dans les stratégies pour leurs coéquipiers.
Ils ont donc dû se débrouiller seuls. Mais quand l'on connaît leurs niveaux, ce ne fut pas très compliqué... Le plus serein était sûrement Lewis Hamilton, impérial tout au long du weekend, avec une pole position et une victoire sans avoir été inquiété un seul instant. Derrière lui on retrouve Max Verstappen, pour un duo qui l'on a vu douze fois au sommet du podium en 2021. Mais à la différence de d'habitude, Super Max a eu plus de travail, en partant de la P7 après une pénalité pour avoir ignoré un double drapeau jaune en Qualifications. Nous y reviendrons. Le Hollandais était véritablement « volant » au moment de décoller de la grille, se hissant P4 après le premier enchainement de virages. Ensuite, c'est un premier relai agressif et offensif qui vient lui offrir une P2 qu'il ne lâchera plus. A défaut de pouvoir jouer la victoire, c'était le mieux à faire pour Red Bull. Mission réussie. Maintenant, il faut capitaliser sur les deux dernières épreuves, qui pour le moment, s'annoncent plutôt à l'avantage de l'équipe allemande...
En temps normal, on parle dans ce paragraphe de Ferrari et de McLaren. Mais hier, ceux qui se sont positionnés comme troisième force incontestée du plateau, ce sont les deux Alpine, au plus grand dam des Alpha Tauri. Assez surprenant quand l'on regarde les résultats des deux équipes depuis quelques semaines... Mais le résultat est là. Et quel résultat pour les Bleus (ceux de France, pas ceux d'Italie). Avec les différentes pénalités, Fernando Alonso s'élançait P3, juste derrière un Pierre Gasly P2. Esteban Ocon était lui un peu plus loin, et derrière Yuki Tsunoda. Mais entre deux voitures étonnamment rapides et une stratégie optimale d'un côté, et des voitures qui ont perdu toute leur superbe des Qualifications, il n'y avait pas match. Alonso décroche un podium mérité et obtenu à la force de son poignet, quand Esteban Ocon se positionne seulement deux voitures derrière. C'est bien plus compliqué pour Alpha Tauri, qui ne marque aucun point.
L'équipe surprise qui vient prendre la place d'Alpha Tauri dans les points, ce sont les deux Aston Martin. Lance Stroll et Sebastian Vettel terminent respectivement P6 et P10. La raison, encore une fois, à une stratégie audacieuse. Je le dis, je le redis, et je le reredis, Aston Martin sait comprendre sa monoplace quand il s'agit de la gestion de leurs gommes. Et l'équipe nous le montre encore une fois ! Des relais longs, même avec le risque de crevaisons, mais des relais bien gérés. Un résultat qui ne va pas énormément bousculer la hiérarchie au niveau d'Aston Martin dans le Championnat des Constructeurs, mais qui reste très importante pour l'appréhension de la saison prochaine.
Et c'est seulement maintenant qu'on va parler de Ferrari ET de McLaren. Alors, pour l'équipe de Maranello, c'est un peu tard dans l'article, certes, mais l'ensemble du weekend n'était pas extraordinaire. Carlos Sainz se qualifie P7 quand Charles Leclerc reste bloqué en Q2 (à cause d'un problème sur son châssis), puis la course devient assez difficile sur un circuit qui ne réussit pas à l'équipe. Malgré tout, une remontée est opérée par le Monégasque, qui vient placer sa voiture P8, juste derrière son coéquipier qui n'aura pas bougé finalement. Alors ce n'est pas le résultat attendu par la Scuderia, mais c'est finalement bien mieux que McLaren, et c'est peut-être le principal dans cette lutte pour le podium au classement des Equipes. Parce que du côté de Woking, Lando Norris termine P9 et Daniel Ricciardo est P12. C'est de moins en moins concluant pour les oranges qui avaient pourtant de grandes chances de terminer à cette troisième place générale. La faute, apparemment, à une direction de réglage pour permettre à Ricciardo de s'adapter, rendant la machine plus compliquée à appréhender pour Norris. Apparemment.
Bon, et pour terminer, peu de surprises, mais on retrouve en fond de grille Alfa Romeo, Williams et Haas, dans cet ordre.
Qui a le plus perdu ?
Alpha Tauri. Il y avait l'occasion de prendre l'avantage sur Alpine : un circuit proche de celui de Bahreïn, où les voitures étaient sur une autre planète, un Pierre Gasly en grande forme, et un Yuki Tsuonda enfin à un niveau plus proche du sien quand l'expérience de chacun est nivelée à cause (ou grâce) à un tracé inconnu. Mais... Tout ne s'est pas passé comme prévu. Pas du tout même. Puisqu'à l'issue de ce weekend qatari, c'est un terrible 25-0 que doit essuyer Alpha Tauri. Et à ce niveau-là du classement, et à deux courses de la fin de la saison, ce sont des points qui ne seront certainement pas repris. C'est peut-être la lutte avec Alpine qui a été perdue.
Qui a le plus gagné ?
Alpine. Forcément, en contraste, Alpine est l'écurie gagnante de ce weekend ! Alors même si mathématiquement tout est encore possible dans la lutte avec Alpha Tauri, le break est sûrement fait. On ajoute à cela un Fernando Alonso sur le podium, une cohésion d'équipe très forte, de grands espoirs pour la fin de saison et pour 2022, et on pourrait penser que tout est dans la poche pour Alpine ! Enfin... Comme après la Hongrie... Et on a vu ce qui s'est passé ensuite... Mais bon, restons concentrés sur la fin de saison, et sur ce magnifique résultat de la structure française, qui se hisse sur un nouveau podium, et qui s'assure certainement le P5 au Championnat des Constructeurs.
En bref.
+ Fernando Alonso sur le podium ! Alpine en grande forme ! Cocorico (avec un accent espagnol).
+ Lewis Hamilton, intouchable ce weekend. Et en plus il n'avait pas son moteur du Brésil.
+ Les classements Pilotes et Equipes, ultra-serrés avant d'aborder un sprint final de folie !
– Alpha Tauri complètement absente dans sa lutte pour la P5.
– La FIA inconsistante dans ces décisions : pénalités pour Verstappen et Bottas, pas pour Norris, Sainz, Ocon, qui ont pourtant fait les mêmes choses.
– Ce n'était pas si mal comme weekend, mais si on pouvait éviter de revenir... Maintenant que la donnée inconnue n'existe plus, les prochaines courses à partir de 2023 risquent d'être barbantes... (On devrait se diriger vers un nouveau tracé, différent de celui de Losail).
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