Débrief : Pays-Bas 2021.
Cela faisait deux ans que l'on attendait férocement l'arrivée de ce nouveau tracé au calendrier. Après une année d'attente, qui s'est vu doublée à cause du méchant Covid, le grand cirque de la Formule 1 est enfin venu poser ses valises dans cette station balnéaire hollandaise qui, pour le temps d'un weekend, n'avait rien de reposante. Un circuit atypique, plaisant au pilotage, plaisant au visionnage, propice au spectacle chez nos Juniors et propice à la stratégie en catégorie reine, à part quelques petits points par-ci par-là, c'est un grand OUI pour Zandvoort.
Et ce n'est pas l'enfant du pays, Max Verstappen, qui dira le contraire après un weekend de domination qui lui aura permis de briller devant la marrée orange présente, mais aussi et surtout de signer la pole position et de gagner la course pour reprendre l'avantage au Championnat du Monde. Là où le Néerlandais accusait trois points de retard sur Lewis Hamilton, il en possède désormais trois d'avance. On change juste les positions avant d'arriver sur un weekend important, à Monza, puisqu'en plus des points du Dimanche, il y aura les quelques points de la Qualification Sprint du Samedi... Verstappen gagne donc, mais non sans quelques sueurs froides, causées par des Mercedes très stratégiques, et par l'absence de son coéquipier pour l'accompagner dans cette lutte. Parlons de Perez dans un premier temps. Ce fut un weekend catastrophique pour lui qui a terriblement peiné à s'extraire de la Q1. Enfin, à vrai dire, il ne s'en est pas extrait... Ce qui a poussé Red Bull à changer l'ensemble des éléments de son moteur pour cumuler des pénalités et repartir de zéro sur une nouvelle unité de propulsion. Une course rendue difficile dès les premiers tours avec un énorme blocage de roues qui le pousse à rentrer aux stands et à complètement décaler une stratégie déjà difficile à mettre en place. Il termine tout de même P8. Mais ce n'est pas suffisant pour contrer les deux Mercedes qui complètent le podium. On y reviendra plus tard, mais il y avait mieux à aller chercher pour les voitures allemandes. Lewis Hamilton a eu du mal tout le weekend à trouver un bon réglage, quand Valtteri Bottas était encore un cran en dessous, et peu en phase avec son équipe... Malgré tout, les deux pilotes Mercedes terminent très bien placés, permettant à l'écurie de creuser un poil son avance au classement, et permettant à Bottas de remonter sur le podium côté pilotes.
Derrière, ceux qui seront venus marquer de gros points, ce sont les deux Ferrari. Là aussi on attendait beaucoup des Rouges, qui, malgré des séances d'essais difficiles, ont réussi à capitaliser le potentiel de leurs deux voitures pour bien se positionner pendant la course. Une procession de 72 tours, qui s'animera dans les dernières boucles, pour ramener de beaux points à Maranello, surtout quand McLaren était dans le rouge (Rouge, Ferrari, c'est une blague). Que ce soit Norris ou Ricciardo, le orange présent dans les tribunes ne les aura pas vraiment galvanisés... Le premier est passé complètement à côté de son weekend, avec un petit rythme, des manoeuvres aléatoires en course, et très loin de ce qu'il a offert plus tôt cette saison. Le second reste sur la même dynamique, dans les mêmes temps, et par conséquent en retrait des attentes de l'équipe.
Et c'est Pierre Gasly qui a largement profité de toute cette confusion entre les deux prétendants à la troisième place au classement des constructeurs. Qualifié à une superbe 4e place, il n'aura pas déteint de toute la course pour terminer son épreuve à cette même position. Une performance (encore une fois) remarquable pour le Français qui, en plus de cela, surclasse très largement son coéquipier Nippon, très loin dans la hiérarchie. Et pour rester du côté Tricolore, on va parler d'Alpine, dernière équipe à marquer des points ce weekend, avec un Fernando Alonso déchaîné qui, dès les premiers virages, poussait sa voiture à la limite. Dans l'ultime boucle de la course il parvient même à dépasser Carlos Sainz pour le gain de la 6e place. Esteban Ocon, plus rapide sur son premier relai, termine lui 9e.
Enfin, derrière, deux choses importantes à noter. La première c'est la superbe qualification d'Antonio Giovinazzi qui, pour une fois, s'est montré ! Il aura fallu attendre que son baquet soit plus que jamais menacé, pour qu'avec une voiture très limitée, il parvienne à se hisser en Q3. Une performance fantastique, quelque peu oubliée par les médias et par l'ensemble de la communication Formule 1. Le second point, toujours chez Alfa Romeo, c'est le rythme de Robert Kubica qui, certes était très loin de ce que la voiture peut fournir, mais qui n'aura découvert la piste qu'au moment des Qualifications. Une quinzaine de minutes de roulage, puis une course, que le Polonais aura réussi à compléter sans faire de fautes, et sans être ridicule non plus. Bravo.
Qui a le plus perdu ?
Mercedes. C'est la victoire qui était à portée de main. A deux reprises, Mercedes a eu le beau rôle dans la mise en place des stratégies, poussant Red Bull à suivre les directives données par l'équipe allemande, mais sans pour autant réussir leur coup. La première fois, c'est un arrêt un poil trop long qui coûte du temps à Lewis Hamilton. Alors qu'il recolle à Verstappen et que ce dernier est ralenti par Bottas, le Finlandais ne peut résister plus avec des pneus à l'agonie, sur une ligne droite. Second épisode stratégique, parfaitement exécuté cette fois-ci, mais bien trop tôt, laissant le choix à Red Bull de s'arrêter ou non, et faisant en plus de cela ressortir Hamilton dans le trafic. Un coup comme à Barcelone était envisageable, à deux reprises, mais les deux fois les plans n'auront pas été appliqués correctement. Quand l'on sait que les deux pilotes sont à quelques unités l'un de l'autre et que le titre devrait se jouer à un rien, il faut savoir saisir toutes les opportunités...
Qui a le plus gagné ?
Ferrari. Là aussi il y avait peut-être mieux à aller chercher, mais finalement, par rapport à leurs adversaires directs de chez McLaren le contrat a été plus que rempli. Là aussi les écarts sont souvent très fins, et la troisième place pourra se jouer sur des détails. Zandvoort pourrait être l'un de ses détails. P5 et P6 en Qualifications, ce sont P5 et P7 que les deux voitures terminent leurs courses, quand McLaren ne marque qu'un seul petit point. Alors l'avance au classement n'est pas énorme puisqu'il n'y a qu'une dizaine de points, mais vu la proximité de ces deux équipes, c'est très important.
En bref.
+ Un circuit splendide, au relief unique, aux courbes sensuelles et à la ferveur digne de celle des Tifosis.
+ Max Verstappen, roi en sa demeure.
+ Un tracé spectaculaire lors des séances chronométrées, et ultra-stratégique en course.
– Très peu de zones de dépassements, ce qui complique les remontées et le spectacle.
– McLaren trop loin de ses objectifs.
– L'équipage Schumacher/Mazepin dont les relations se détériorent au point de causer des dommages en interne.
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