Débrief : Hongrie 2021.
La Hongrie vient très certainement de nous livrer LE Grand-Prix de la saison. C'était peut-être pas le plus spectaculaire, bien que paradoxalement à sa réputation, le Hungaroring ait été propice à la bagarre, mais émotionnellement et dans le contexte de la saison 2021, il pèsera très lourd à la fin de l'année lorsqu'il faudra faire les comptes. Une nouvelle preuve que cette saison est complètement folle, et un nouvel exemple de pourquoi on aime tant ce sport.
Bien évidemment, à l'image de la miniature, l'homme de ce Dimanche de course c'est le grand Esteban Ocon. Grand par la taille, mais hier, grand par le talent, la maîtrise, et le calme. Il a profité de l'impressionnant carambolage du début de course pour se hisser dans une très bonne position, avant de prendre Lewis Hamilton à contre-pied en rentrant dans les stands juste après le drapeau rouge, avant le second départ, pour passer des pneus slicks sur une piste séchante. Ensuite, c'est tout son art qu'il déroule, en enchaînant les tours propres, ne commettant pas la moindre faute, étant offensif quand il a fallu protéger sa place au jeu des arrêts, et intelligent lorsque la bagarre avec Vettel fut concrète en piste. On n'a pas toujours été tendre avec Esteban, mais ce genre de course nous replonge dans ses années Force India, quand nous lui voyions un avenir radieux. Radieux comme sa victoire d'aujourd'hui, dix mois après celle de Pierre Gasly. La France est plus que jamais plongée dans la Formule 1, et à la rédaction, on adore ça !
Mais alors pour ceux qui n'ont pas vu la course, pourquoi Ocon a gagné ? Comment ? Majoritairement grâce aux leaders. Dès les premiers mètres, le quatuor Hamilton/Verstappen/Perez/Bottas est en tête. Auteur d'un très mauvais départ, Valtteri Bottas est en retrait, et manque son freinage. Il emboutit l'arrière de Lando Norris, qui n'a pas d'autres choix que de percuter violemment Max Verstappen. L'effet papillon vient ensuite emporter Perez. Résultat après ce premier virage (ou premier carnage pour nos amis de chez FormulX), six voitures au tapis ; Perez, Bottas, Leclerc, Norris, Stroll et Mazepin (Un autre accrochage est causé par Stroll juste en suivant, dans le même virage). Max Verstappen repart hors des points, avec une voiture détruite : un fond plat en morceaux, des barges boards qui s'envolent, une suspension fragile, etc. Malgré tout, il nous a démontré toute l'étendue de son talent, en réussissant à se hisser à la 10e position pour récupérer un tout petit point. Voie royale pour Lewis Hamilton donc ? Eh bien en théorie, oui. Mais en pratique... Le Britannique se retrouve premier, mais ne rentre pas aux stands au moment du second départ (drapeau rouge causé par les débris du premier crash). Il est d'ailleurs le seul, ce qui donne une image assez improbable de lui, seul sur la grille. Alors que tout le monde est rentré pour passer les pneus lisses, il rentre le tour suivant, ce qui le fait repartir dernier. Mais là aussi, son talent parle, et il réussit à remonter sur le podium, à la troisième place. Un effort incroyable, qui lui aura d'ailleurs causé un détour par le centre médical, et une osculation par Ian Roberts, le médecin de la FIA. En bref, les deux pilotes numéros deux n'auront pas passé le premier virage, et les deux prétendants au titre auront démontré leur talent, avec des résultats bien différents.
Habituellement, lorsque l'on parle de ceux qui viennent derrière les leaders, on parle de McLaren et de Ferrari. Mais là aussi, les deux équipes furent loin. McLaren surtout, avec un Ricciardo en difficulté à cause de dégâts subits en début de course, et Ferrari mieux, avec Sainz qui aurait pu jouer la victoire, après une course incroyable, mais sans aboutir à l'objectif ultime à cause d'une petite perte de rythme. Il grimpe tout de même sur le podium suite à la disqualification de Sebastian Vettel. L'Aston Martin de l'Allemand a pourtant illuminé la tête de course avec les deux Alpine. Pour Ocon, on en a déjà rapidement parlé, et on en reparlera, donc je ne vais pas m'étendre dessus. Fernando Alonso a joué un rôle parfait tout au long de la course, qui aura été déterminant dans le résultat final de l'écurie française. En ce qui concerne Sebastian Vettel, après un séjour britannique compliqué, il a eu l'opportunité de gagner cette course. Une victoire qui lui échappe, à cause du pilotage parfait d'Ocon, mais ce podium reste un résultat de rêve pour l'équipe. Enfin s'il lui avait resté suffisamment d'essence... Une disqualification qui tombe plusieurs heures après la fin de la course, et qui fait mal à l'Allemand et à son équipe...
Ensuite, ce sont les deux Alpha Tauri qui ont brillé, terminant toutes les deux dans les points, avec un Pierre Gasly en forme. Qualifié à la 5e place, il termine 6e de la course après être reparti dernier, puisqu'il a dû éviter tous les incidents du premier tour. Pour Tsunoda, c'est une course discrète (sauf à la radio), qui se conclut par un beau résultat, solide. Mais ceux qui mériteraient une miniature dédiée, ce sont bien évidemment les Williams. Toutes les deux dans les points ! Rendez-vous compte ! Pendant un temps, Nicholas Latifi jouait même une place sur le podium ! Alors bon, il ne l'aurait sûrement pas eu, mais ce double résultat est un rêve éveillé pour une équipe qui, depuis trop d'année, n'est pas à sa place. Ce sont des efforts qui sont récompensés, et pour l'amour de ce sport, et pour l'amour des entités indépendantes, c'est beau. Et ce n'est pas un George Russell en pleurs qui dira le contraire.
Qui a le plus perdu ?
Red Bull. Deuxième fois de suite que l'écurie autrichienne se retrouve dans cette rubrique, mais forcé de constater qu'encore une fois, le classement de ce Dimanche soir n'est pas du tout en leur faveur. Sur le plan de la course déjà, ce sont encore de grosses sommes d'argent qui sont perdues, avec deux voitures très abîmées à reconstruire. Point de vue comptable, c'est catastrophique, puisque l'équipe ne ramène qu'un petit point du Tourniquet Hongrois, quand leur rythme pouvait pourtant leur donner bien plus. Mais au-delà de ça, c'est un énorme coup au moral que viennent de prendre les hommes de Horner et de Marko... Mercedes est repassé devant sur les deux classements : Hamilton est en tête du classement des pilotes, et Mercedes du classement des équipes. Tout le travail fourni en début de saison pour se hisser au sommet a été réduit à néant en deux weekends. Il faut tout refaire. Allez savoir si cette trêve estivale sera un bol d'air frais, ou une rupture irréparable...
Qui a le plus gagné ?
Alpine. Difficile de parler d'une autre entité quand après la course, tous les commentaires ou presque tournent autour d'eux. Logiquement, la victoire d'Esteban Ocon est sur toutes les lèvres. Il a gagné, avec la manière, presque à la régulière, avec une voiture qui n'est pas censée pouvoir lui offrir ces places. Son pilotage a été magnifié par la stratégie d'Alpine, très simple mais efficace, et par un arrêt aux stands parfait qui n'a rien couté au Français, bien au contraire. Enfin, tout a été rendu possible par la course incroyable de Fernando Alonso qui, en parfait coéquipier, et en parfait pilote de couse, n'aura facilité la tâche à personne. Une défense rude mais correcte, des manœuvres ultra intelligentes, un rythme de fou, toutes les planètes étaient aujourd'hui alignées pour que la marque française parvienne enfin à se hisser sur la plus haute marche du podium. Et quoi de plus beau pour eux, et pour nous, que la France soit représentée par une voiture française, pilotée par un français ?!
En bref.
+ Le Hungaroring surprenant : spectaculaire et intéressant.
+ Alpine au sommet de son art, et la victoire d'Esteban Ocon.
+ Les deux Williams qui terminent dans les points à la régulière.
-- Valtteri Bottas, responsable de toute cette cacophonie, et encore une fois à côté de ses pompes.
-- Le coup du sort pour Leclerc, Norris, Perez, Verstappen, qui avaient gros à jouer.
-- La FIA qui met encore des plombes avant de donner un résultat définitif à une course...
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