Débrief : Brésil 2021.
QUEL WEEKEND ! A l'image de la saison, les trois jours passés au Brésil auront été spectaculaires, haletants et remplis de suspens. Encore une fois, Interlagos aura tenu son rang de tracé mythique, et donne de très sérieuses confirmations à la FIA quant à sa prolongation dans le calendrier. Obrigado.
Forcément, je suis obligé de commencer ce Debrief par Lewis Hamilton. Une démonstration de toute l'étendue de son talent. Dès le Vendredi matin, en FP1, il parvient à guider parfaitement son équipe vers les bons réglages pour gagner plus d'une demi-seconde de retard sur les deux Red Bull. L'après-midi, il s'empare de la pole position, avec un tour magistral. Mais l'euphorie retombe quand l'on apprend que son aileron arrière n'est pas conforme, et le Britannique est disqualifié des Qualifications. Il s'élance donc dernier du Sprint. Problématique ? Pas pour lui, qui remonte en P5 en seulement 20 tours. Il s'élance P10 le lendemain, après avoir purgé sa pénalité pour changement de moteur, et réussit à remonter pour s'imposer avec plus d'une dizaine de secondes d'avance sur son dauphin. Une véritable démonstration. Quand l'homme et la machine ne font qu'un, c'est redoutable. Parce qu'en face, il n'avait pas des pilotes fatigués, bien au contraire. Sergio Perez s'est défendu comme il pouvait pendant les quelques tours où Hamilton le pressait, avec notamment une superbe passe d'armes entre les deux. Puis Max Verstappen est, encore une fois, sur la même planète que son adversaire. Un weekend rapide, sérieux, qui a posé de très gros soucis à Mercedes. A vrai dire, il n'y avait rien à faire de plus. Verstappen a donné tout ce qu'il avait sur la piste pour conserver un rythme incroyable, puis s'est donné corps et âme pour défendre sa position, quitte à ce que les deux sortent de la piste. Une manœuvre très limite qui, selon moi, mérite une sanction, mais ce ne fut pas l'idée de la FIA. Le « Let them race » était légion, et pour notre plus grand plaisir finalement, puisque la bataille s'est faite en piste et non pas en dehors. Enfin si mais vous m'avez compris... Hamilton est revenu, il a retenté sa chance, et n'a laissé aucune chance à Verstappen. Hier, il était juste trop fort.
Derrière un quatuor de tête indéboulonnable ce weekend, on retrouve les deux Ferrari, elles aussi très attachées à ces 5e et 6e places. Comme au Mexique, le weekend a été très bien abordé par la Scuderia, qui continue ainsi sa folle progression, et qui assoit un peu plus son autorité pour la troisième place au classement des Constructeurs. Parce que pour McLaren, le weekend n'a pas été aussi bon. Enfin, il avait de quoi, avec un Lando Norris très sérieux en Sprint le Samedi, mais la malchance est venue lui gâcher sa course le lendemain. Si l'on ajoute à cela l'abandon de Daniel Ricciardo, les voitures orange ne marquent qu'un seul petit point, comme au Mexique, et voient Ferrari s'envoler à quelques courses de la fin de la saison. Cette position semblait leur tendre les bras, mais on est en 2021... Il s'est passé beaucoup de choses... Et jusqu'au drapeau à damier d'Abu Dhabi, il pourra se passer encore beaucoup de choses...
Et ce n'est pas Alpine qui dira le contraire, avec ses deux voitures dans les points. C'est, à mon humble avis, un peu (complètement) surprenant de les voir terminer à ce niveau-là, tant, encore une fois, la voiture n'était pas au top de sa forme, et la stratégie était hasardeuse. Mais ils ne vont pas s'en plaindre, puisque le résultat est là, et qu'il permet à la structure française d'être à égalité de points avec Alpha Tauri ! L'équipe italienne a elle connu un weekend totalement différent, avec des voitures qui semblaient avoir un très gros rythme, mais sans concrétisation. Pierre Gasly termine tout de même P7, mais sans son coéquipier pour l'aider dans la lutte au titre. A vrai dire, il n'a aidé en rien Yuki Tsunoda, si ce n'est à causer des incidents et des SC et VSC... Une tentative de dépassement (très) opportuniste au premier virage lui coûte sa course, puisqu'il perd son aileron avant. Cela entraînera une Safety Car. Plus tard, les dégâts subis par Stroll sur cette manœuvre enverront des débris en piste : Virtual Safety Car. Avec une voiture endommagée, un fond plat détruit et une stratégie gâchée, il n'y avait rien à faire pour le Japonais qui, depuis quelques courses, semblait pourtant avoir repris du poil de la bête.
Ensuite, peu de choses à dire. Ni les Aston Martin, ni les Williams, ni les Alfa Romeo ne semblaient en mesure de jouer les points à la vue de la physionomie de la course. Et ne parlons même pas des Haas... Aston Martin étaient peut-être les plus aptes à aller chercher des points, mais d'autres pilotes sont venus leur mettre des bâtons dans les roues. Alfa Romeo, peut-être, aurait pu également, mais dès le Sprint, ils ne se sont pas facilité la tâche, en se percutant et en obligeant Kimi Räikkönen à repartir dernier.
D'ailleurs, parlons-en de ce Sprint. D'un point de vue purement visuel et divertissant, c'était une immense réussite. On a eu de la bataille, des dépassements, le tout sur une épreuve condensée. Mais il faut se rendre à l'évidence que sans l'élément perturbateur qu'était Lewis Hamilton, ce Sprint aurait été fade... Alors on est fan de Formule 1 et de course automobile, donc forcément que de voir des dépassements nous satisfait. Mais sans cet animateur, comme l'était Alonso à Silverstone, on se retrouve avec un Sprint comme on a eu à Monza. Le travail des Qualifications est déconstruit, les équipes se remettent plus ou moins dans l'ordre, et la fin de l'épreuve est calme puisque c'est normalement à cette période que les arrêts aux stands interviennent. Alors si le produit s'avère aussi intéressant que cela l'an prochain, je dis oui. A condition de revoir quelques points. Mais il y a fort à parier que l'on s'orientera plus vers quelque chose de similaire à Monza. Et ce n'est ni le but recherché, ni ce que nous attendons.
Qui a le plus perdu ?
McLaren. En théorie, il y avait de quoi revenir sur Ferrari, voire de quoi reprendre un avantage sur les Rouges. Mais rien ne s'est aligné correctement pour l'écurie de Woking. Daniel Ricciardo abandonne alors qu'il était dans les points, et Lando Norris rentre dans ce Top 10 justement grâce à l'abandon de son coéquipier. Et pour les deux pilotes, ce ne sont pas des fautes qui leur coûtent ce résultat... Enfin pas de leur part en tout cas. Norris est lui tassé par Sainz, qui lui crève un pneu, ce qui lui complique d'entrée de jeu la tâche. Malgré une belle remontée, ce n'est pas suffisant pour contrer deux Ferrari trop fortes depuis la Russie.
Qui a le plus gagné ?
Lewis Hamilton. Je suis vraiment obligé de préciser pourquoi ? Sérieusement, c'est peut-être l'un de ses meilleurs weekends. Il a aligné travail, rythme, intelligence de course, dépassements, sur un tracé qui ne le permet pas forcément beaucoup en temps normal. Si l'on ajoute à tout cela les « 25 » places de pénalité (comme lui et Toto Wolff l'on dit après la course), c'est une performance exceptionnelle, là où c'est son adversaire qui aurait pu plier le championnat. C'est quand il est au plus bas, et que personne ne l'attend que Lewis Hamliton est le plus redoutable. Et même si Max Verstappen reste pour l'instant mon favori pour le titre, le Britannique pourrait bien finalement être sacré en fin de saison.
En bref.
+ Un weekend fou ! De l'animation pendant trois jours, sur et hors de la piste, de la bagarre, des dépassements, du spectacle à tout va, et des championnats très animés !
+ Le weekend exemplaire de Lewis Hamilton qui semblait réellement intouchable.
+ Un Sprint intéressant...
– ... mais rendu possible par des artifices.
– Yuki Tsunoda, très brouillon. Trop.
– McLaren qui lâche du terrain et qui ne semble pas réussir à en reprendre, même un peu.
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