Débrief Juniors : FRECA, W Series, FFSA F4.
Il fallait avoir les yeux partout ce weekend pour suivre nos Juniors ! Entre la Formule Alpine qui se rendait à Imola, la W Series qui découvrait Miami, et la FFSA Formule 4 qui revenait à Pau, il était difficile de s'ennuyer ! Et justement, on ne s'est pas beaucoup ennuyé ce weekend...
FRECA.
Que de rebondissements en FRECA ! En ce début de saison, on pourrait même se demander où est passé notre championnat morne et sans suspense de l’an dernier. Cette année 2022 n’a clairement rien à voir avec 2021, et même s’il est difficile de savoir si c’est un effet direct du push-to-pass, on voit des dépassements en nombre et de jolies manœuvres.
La météo absolument dantesque alternant grand soleil et averses aura pimenté le weekend, à n’en pas douter. Mais avec cette seconde manche à Imola, on a eu pas mal de confirmations de ce qui a été vu à Monza…
Quand Prema avait vraiment dominé à Monza il y a deux semaines, les débats furent beaucoup plus équilibrés en Emilie-Romagne. L’homme du weekend fût clairement Gabriele Minì mais au plan comptable, c’est Dino Beganovic qui a fait la bonne opération. L’Italien a signé les deux poles, les deux victoires, mais a perdu énormément à cause d’un faux départ en Course 1. Résultat : une pénalité de dix secondes, le reléguant hors des points. Le lendemain cependant, Minì est (enfin) parvenu à débloquer son compteur de victoires en FRECA. Rien de tel pour lancer une saison.
Mais voilà, le Suédois Beganovic a fait beaucoup mieux que limiter la casse. Vainqueur sur tapis vert après la pénalité de Minì, le protégé de Ferrari a fait le dos rond et a empoché les 18 points de la deuxième place. Ce sont donc 43 points dans la besace, pas mal pour un weekend où on n’était pas le plus rapide ! Mais il devra surveiller le retour de Minì sur les prochaines courses.
Les coéquipiers (Aron et Montoya chez Prema, et Boya chez ART) ont marqué de gros points, notamment en Course 1. Mais ils ont toujours semblé un ton en-dessous des phénoménaux Beganovic et Minì. Pour Aron, protégé Mercedes et entrant sa troisième saison, il y a péril en la demeure, son leadership est clairement remis en cause...
Que c’est triste de le ranger dans cette catégorie. Mais sur ces deux premières manches, c’est ce qu’il est. Hadrien David entre lui aussi dans sa troisième saison, et contrairement à ses deux coéquipiers Bortoleto et Fluxa, il n’est toujours pas monté sur le podium. Ce weekend encore, le Français fût bon, régulier, toujours dans le top 10, mais loin de la lutte de tête, et fût souvent devancé par Bortoleto. Monaco arrive, il va très vite falloir briller pour garder des espoirs de F1.
Michael Belov (MP) et Kas Haverkort (VAR) ont encore porté leur équipe. Mention spéciale à Van Amersfoort Racing qui a tout fait pour aider Kas Haverkort, quitte à lui installer des pièces illégales (joints de freins, entraînant moins de frottement entre les plaquettes de frein et les disques) sur sa voiture. Le premier podium du Néerlandais (en Course 2) lui a donc été retiré après disqualification tard dans la soirée. Difficile à dire s’il s’agissait d’une tricherie intentionnelle, mais le doute subsistera. Selon les bruits de couloir, la pièce en question serait même une pièce venant de la voiture de... FIA Formule 3 !
Nouvelle victoire en Course 1 de Montoya, toujours seul dans le classement Rookie, bien aidé par la suprématie de sa Prema. Mais en Course 2, le Colombien fût totalement éclipsé par l’Allemand Tim Tramnitz (Trident), parti à une superbe deuxième position sur la grille. Bien que descendu 7e au fil de la course, il a marqué les esprits. Remarquez... Montoya a aussi marqué les esprits après un spectaculaire accident avant Tamburello avec Delli Guanti (RPM), qui aura causé un drapeau rouge après l’arrivée subite de la pluie.
Le Français le plus impressionnant fût encore une fois... Macéo Capietto (Monolite). Ça devient une habitude mais le Francilien a encore ébloui son monde. Après des essais libres fantastiques, lui et son équipe ont eu plus de difficulté en Qualifications où ils ne comprenaient plus la voiture. Qu’à cela ne tienne, Capietto nous a gratifié de sublimes remontées en course (malgré les innombrables Safety Cars et les drapeaux rouges). En Course 2, il remonte de la P26 à la P9. « Ma plus belle course, jamais un tour sans doubler » confiera-t-il ensuite.
Chez les autres Français, Tangavelou fût le leader de son équipe et a montré une bonne progression. Il a fait de bonnes qualifications mais semblait un peu juste en course. Meguetounif nous a fait une énorme frayeur après un énorme crash en Course 1 causant un drapeau rouge. Malgré une perte de connaissance, le Franco-Marocain fût autorisé à rouler le lendemain mais a préféré ne pas faire la course, par sécurité. Bernier et Masson (FA Racing) furent encore en difficulté. Ils n’ont certes pas été épargnés par la malchance, les casses mécaniques (qui semblent s’acharner sur Masson par ailleurs) et les incidents de course.
La suite ? Nous nous dirigerons dans trois semaines au meeting le plus prestigieux de la saison : Monaco, en support du Grand Prix de Formule 1. Les pilotes seront scrutés de très près par les différents Junior Teams...
La FRECA en bref.
Qualifications – Poles positions de G. Minì.
| H. David P11 et P7, J. Düfek P13 et P15, M. Capietto P18 et P26,
S. Meguetounif P19 et P27, A. Gnos P21 et P31, O. Tangavelou P24 et P14,
V. Bernier P33 et P19, E. Masson P35 et P29.
Course 1 – Victoire de D. Beganovic, suivi de M. Boya et de P. Aron.
| H. David P10, J. Dufek P12, M. Capietto P13, A. Gnos P18, E. Masson P23,
O. Tangavelou P31, V. Bernier NC, S. Meguetounif DNF.
Course 2 – Victoire de G. Minì, suivi de D. Beganovic et de G. Bortoleto.
| H. David P4, M. Capietto P9, J. Düfek P10, O. Tangavelou P16, E. Masson P20,
A. Gnos P30, V. Bernier P33, S. Meguetounif DNS.
+ Dino Beganovic / Gabriele Minì : ces deux-là semblent dans leur propre dimension. Le duel pour le titre est lancé avec la première victoire de l’Italien.
+ Côté français, de nouveaux précieux points pour Macéo Capietto qui confirme son talent, course après course. Weekend solide aussi de Tangavelou.
+ Gabriel Bortoleto devient petit à petit le leader de son équipe R-ace...
– ... aux dépens d’Hadrien David. Le Français ne trouve pas la solution. Il est régulier et fini toujours dans les points au moins.
– L’infraction technique très trouble de Kas Haverkort (VAR). Des bruits dans le paddock courent sur une possible intentionnalité de l’infraction, mais on ne connaîtra jamais la vérité...
– Masson/Bernier... Il y avait un léger mieux dans le rythme, mais les problèmes mécaniques et les incidents de course ne les auront pas épargnés.
W Series.
Ce weekend voyait le retour de la catégorie la plus en vogue chez les pilotes féminines ! Bon, à vrai dire, c'est la seule qui leur est dédiée... Et quand l'on voit ce meeting de Miami, qui aura compté deux courses pour le prix d'une, on se dit que ce n'est malheureusement pas cette génération qui permettra aux femmes de briller derrière un volant de Formule 1.
Comme c'était attendu, Jamie Chadwick s'est emparée des deux victoires du weekend. Un bilan comptable parfait pour la Britannique qui lance parfaitement sa campagne pour une troisième couronne en W Series. Mais ce n'était pas glorieux pour autant... Elle aura profité, en Course 1, d'une erreur d'Emma Kimiläinen, et en Course 2 d'un manque cruel d'adversité. J'ai bien peur que cette année, Jamie Chadwick soit une encore plus triste championne que prévu...
Car la concurrence n'est pas du tout au niveau, du moins sur ce premier meeting. Nerea Marti et Beitske Visser, respectivement P2 et P3 au classement général, sont toutes les deux auteures de weekend en demi-teinte. Pour l'Espagnole, sa Course 1 est à jeter à la poubelle dès le départ, puisqu'elle reste tout bonnement collée à la grille de départ, comme trois autres monoplaces d'ailleurs. Pour la Néerlandaise, c'est plus intéressant, avec une belle remontée en Course 1 (de la P12 à la P3), mais une seconde course complètement anecdotique vient ponctuer son weekend.
Finalement, la demi-teinte, c'est le mot d'ordre de ce séjour floridien. Marta Garcia, convaincante en Course 1, est pénalisée après un contact avec Kimiläinen (décidément) dans le dernier tour. Une Course 2 transparente. Même constat pour Jessica Hawkins, P2 le Samedi et bloquée dans les stands en fin de course le lendemain, le feu passant au rouge quand la Britannique était en train de quitter la pitlane. Idem pour Alice Powell, sur la dernière marche du podium le Dimanche dans une course loin d'être glorieuse... Tout comme la veille, où elle était auteure d'un départ catastrophique, terminant sa course dans le mur, provoquant d'ailleurs un drapeau rouge.
Mais bon, tout n'est pas à jeter ce weekend, et malgré, là aussi, une prestation en dents de scie pour Emma Kimiläinen, il y a de belles leçons à tirer du séjour ! La première, c'est que la Finlandaise à la vitesse : elle s'est montrée aux avant-postes des deux courses. La seconde, c'est qu'elle peut se battre : elle nous aura offert quelques passes d'armes très sympathiques, notamment avec Nerea Marti en Course 2. Mais la troisième est qu'elle ne supporte pas la pression, puisqu'elle commet deux erreurs très couteuses lors de la fin des deux courses du weekend... Ce sont beaucoup de points qui se sont envolés...
Des points que deux Rookies se sont empressées de récolter, puisque Bianca Bustamante et Chloe Chambers repartent toutes les deux de Miami avec un compteur débloqué ! Une première course sérieuse pour la Philippine, qui évite les très nombreux incidents du Samedi pour se hisser à une belle P9. Le lendemain, l'Américaine s'est quant à elle démenée pour grappiller quelques positions et arracher le petit point de la P10. Deux prestations encourageantes.
On ne peut malheureusement pas en dire de même pour Juju Noda, dans le mur en essais, et complètement larguée en Qualifications. Il est tout de même bon de souligner un rythme de course bien plus solide, et une aisance à rouler en peloton en début de course. Ensuite, avec des écarts faramineux entre toutes les voitures, il est difficile de juger...
Enfin, dernier point à souligner, la régularité d'Abbi Pulling. Rien d'extraordinaire, loin de là, mais elle aura réalisé deux courses sérieuses. Avec un peu plus de maitrise et de confiance, elle pourrait être la seule pilote capable de concurrencer Jamie Chadwick...
Les W Series en bref.
Qualification – Poles positions de N. Marti et de J. Chadwick.
Course 1 – Victoire de J. Chadwick, suivi de J. Hawkins et de B. Visser.
Course 2 – Victoire de J. Chadwick, suivi de N. Marti et de A. Powell.
+ Des rookies rapidement dans le bain. C'est ce que l'on attendait cette saison, ce sera sûrement notre bouffée d'oxygène à chaque meeting.
+ Malgré beaucoup de points négatifs, plusieurs pilotes ont montré de belles choses. Il faut gommer les fautes pour ne garder que ces bons points.
+ Jamie Chadwick impériale, qui a su parfaitement tirer son épingle du jeu...
– ... malgré un weekend peu convaincant.
– Un niveau globalement trop faible. Vivement qu'une nouvelle génération arrive, ou que les W Series deviennent un véritable vivier pour jeunes pilotes prometteuses.
– Une Course 2 longue et soporifique. Au moins la Course 1 avait été animée par les incidents...
FFSA F4.
Aucun doute, ce weekend, à Pau, la catégorie reine de la monoplace était bel et bien la FFSA Formule 4 ! Un constat que l'on pouvait tracer avant les premiers tours de roues, tant l'Euroformula Open est une blague, mais qui s'est confirmé après l'ultime drapeau à damier du weekend, tant les jeunes loups de la FFSA Academy nous auront donné de quoi nous mettre sous la dent !
Comme à Nogaro, deux pilotes semblent se détacher un peu plus du lot, Hugh Barter en tête. L'Australien est toujours aussi irréprochable, malgré un circuit très technique qu'il ne connaissait pas (comme les autres d'ailleurs), et malgré un changement régulier de monoplace puisqu'on le rappelle, il court également en F4 espagnole. Pour Barter, le bilan est quasi parfait : une P2 en Qualifications et un second meilleur temps qui lui offre la pole de la Course 3, pour une victoire le Samedi matin. Seul petit point négatif de son weekend, son mauvais départ lors de la dernière course du weekend, qui lui coûte une nouvelle victoire.
Et c'est donc Souta Arao qui vient admirablement prendre les miettes de Barter. Avec un style assez agressif à Nogaro, il allait être très curieux de savoir comment il allait appréhender le tracé urbain de Pau. Résultat : très bien ! Une pole position, une victoire, un podium. Bilan là aussi idéal pour celui qui, à cause de la réglementation qui affectera la saison de Barter, devrait se diriger vers le titre en fin de saison.
Mais attention à ne pas enterrer Alessandro Giusti qui, à l'issue du weekend palois, s'est avéré être très en forme. Très très en forme même, puisque le Français termine P3, P4, P3. Sur un circuit comme Pau où, on l'a bien vu, il est difficile de doubler, une telle régularité est impressionnante. S'il conserve cette bonne dynamique déjà entraperçue à Nogaro, il sera un très sérieux prétendant à la victoire finale.
Globalement, le weekend aura été très intéressant à suivre, notamment grâce à une hiérarchie un poil bousculée par rapport à celle que l'on pouvait tracer suite au premier meeting.
Enzo Peugeot par exemple, auteur d'un séjour moyen dans le Gers, enchaîne avec une prestation similaire dans le Béarn. Une bonne qualification, une première course correcte, bien qu'en deçà du rythme du trio de tête, puis deux courses brouillonnes qui lui auront coûté deux ailerons avant.
Et finalement, comme on pouvait s'y attendre, pas mal de taule froissée à l'issue du weekend. On a eu le droit au classique bouchon de l'Épingle du Lycée, qui se sera fait attendre, puisqu'il est arrivé à la fin de la Course 3, impliquant de nombreuses voitures, et faisant perdre plus de moustaches qu'un barbier en pleine saison. Mais on a aussi eu le droit à quelques touchettes par-ci par-là, plus ou moins graves.
Seul gros incident, la sortie de Yuto Nomura en Course 1, à Foch, qui lui coûte l'intégralité de son weekend. En effet, le pilote nippon aura endommagé sa coque en carbone, ce qui, pour des raisons de sécurité, l'empêche de rouler par la suite. Un bien mauvais weekend pour lui qui avait déjà été un peu en dessous des attentes de Red Bull à Nogaro. Il faudra vite se ressaisir.
Du côté des bonnes surprises, pour revenir sur du positif, on peut parler de Romain Andriolo, Max Reis et Dario Cabanelas. C'est le podium, dans cet ordre-là, de la Course 2. Mais plus globalement, c'est un trio qui s'est avéré être sérieux et appliqué tout au long du weekend. Avec des qualifications dans le top 10 pour les trois pilotes, qui pouvaient sûrement viser mieux si la session avait été à son terme (drapeau rouge causé par une sortie de piste de Lorens Lecertua), ils auront su éviter tous les pièges palois. Enfin presque, puisque Romain Andriolo a tout de même été responsable d'un accrochage avec Enzo Peugeot, lui coûtant une lourde pénalité de 30 secondes en Course 3.
À noter les weekends irréguliers d'Enzo Geraci et d'Eliott Vayron qui ont alterné entre très belle vitesse, résultats solides, mais aussi erreurs et impatience.
Il s'en est passé des choses à Pau, et il va être difficile de tout relater dans cet article. Je ne peux que vous conseiller d'aller voir ces trois courses qui méritent véritablement le coup d'oeil.
Mais il n'y a pas eu que du bon, preuve avec Luciano Morano, auteur d'un weekend complètement anonyme, qui se sera fait remarquer pour avoir été disqualifié en Course 2. La raison ? Il a été reconnu coupable d'un contact volontaire avec un autre pilote après la fin de la course, dans le tour de décélération. Une attitude Ticktumesque qui lui vaut une surveillance rapprochée pour le reste de la saison...
La FFSA F4 en bref.
Qualifications – Poles positions de S. Arao et de H. Barter.
Course 1 – Victoire de H. Barter, suivi de S. Arao et de A. Giusti.
Course 2 – Victoire de R. Andriolo, suivi de M. Reis et de D. Cabanelas.
Course 3 – Victoire de S. Arao, suivi de H. Barter et de A. Giusti.
+ La FFSA Formule 4. Pau. Un plateau riche. La combinaison était juste parfaite.
+ Une hiérarchie différente de celle de Nogaro, et des pilotes qui montrent déjà une belle marge de progression.
+ Un gros bravo aux commissaires qui auront, comme souvent à Pau, été impeccables.
– Yuto Nomura qui en plus de ne pas performer au niveau attendu, casse sa voiture.
– Des erreurs bêtes au fur et à mesure du weekend pour de plus en plus de pilotes après un départ pourtant très propre.
– Malgré la beauté du circuit et les courses intéressantes, peu de dépassements... C'est aussi le mal des vrais circuits urbains.
Comments