Le Bilan : FIA F2 2022.
Sur le papier, cette saison de Formule 2 avait tout pour être l'une des meilleures depuis la refonte de la catégorie : un plateau riche de nombreux talents, un nombre de courses records, et des circuits tous spectaculaires, chacun à leur manière. En bref, on s'attendait à une saison exceptionnelle. Que c'était utopiste... Car malgré tout ces points, la mayonnaise n'a jamais véritablement prise, et chaque course supplémentaire était, sauf exception, une souffrance. Le terme est fort, je l'admets, mais admettez aussi que cette année de FIA F2 est largement oubliable, car terriblement pauvre d'intérêt...
Les champions.
Et pourtant c'est un champion surprise qui a été couronné en la personne de Felipe Drugovich ! Car il faut bien se le dire, même si au début de l'année nous l'attendions meilleur que la saison passée, on était à des années-lumière de lui donner une carte de favoris. Et pourtant, sa saison est impeccable et sa victoire est on ne peut plus logique : 11 podiums, 5 victoires, dont une domination totale en Espagne, 4 poles positions, et seulement deux fois hors des points (hors abandons). Une campagne extraordinairement régulière qui lui permettait d'être titré dès l'avant-dernière manche de la saison, chose assez rare en Formule 2, avec plus de 100 points d'avance sur son dauphin. Ça n'a pas laissé Aston Martin indifférent qui lui a immédiatement proposé un rôle de pilote de réserve pour la saison à venir.
En parlant de son dauphin, quel dauphin il fut. Théo Pourchaire n'aura pas réalisé la saison souhaitée, mais il aura tout de même réussit à composer avec des circonstances n'allant pas souvent dans son sens : des problèmes mécaniques en veux-tu en voilà, des incidents de course dans lesquels il était victime, et puis, bon, quand même, quelques erreurs personnelles et quelques longueurs d'apprentissage, notamment en Qualifications, où il a très souvent été piégé par des drapeaux jaunes, voire rouges. Malgré tout ça, le Français se classe deuxième et enregistre un bilan de 3 victoires, 7 podiums. Ce n'est pas suffisant pour décrocher un baquet en Formule 1, mais ça sera sûrement suffisant pour attirer un investisseur qui lui permettra de continuer encore une année dans l'antichambre de la catégorie reine, en attendant qu'une place s'y libère, peut-être du côté d'Alfa Romeo où il continuera d'y être pilote de réserve.
Mais alors pourquoi « Les Champions » ? Eh bien tout simplement parce que ces deux pilotes étaient les deux seuls véritablement en mesure de jouer le titre. Dans la constance, la vitesse pure, l'intelligence de course, ils étaient les seuls à se démarquer quasiment tous les weekends quand les autres challengers alternaient entre coups d'éclat et mauvaises prestations. Sans la mécanique trop capricieuse de Théo Pourchaire, la bataille aux avant-postes aurait été bien plus animée, c'est une certitude...
Les challengers.
Parlons en justement de ces challengers. S'il y a bien une chose à retenir de cette saison, et c'est cette même chose qui nous excitait avant chaque weekend, c'est que derrière les deux hommes forts, une petite dizaine de pilotes pouvaient se démarquer pour jouer de gros points, un podium, voire même une victoire.
Bien qu'il ne termine que P4, le grand gagnant de ces challengers c'est Logan Sargeant, puisqu'il est le seul pilote de ce cru 2022 de Formule 2 à accéder à la Formule 1 en tant que pilote titulaire. Une saison solide, très solide, qui aura pourtant basculé dès que son nom a commencé à être évoqué du côté de chez Williams. Peut-être trop de presser, mais depuis ce moment l'Américain n'aura plus gagné la moindre course et aura fui le podium comme la peste. Avant cela, il avait un bilan de 4 podiums pour 2 victoires et une pole position. Mais le principal est assuré pour Logan Sargeant qui revient de loin après une saison 2021 très compliquée en FIA Formule 3. Preuve que tout peut aller très vite en sport auto...
Très vite dans le bon, et très vite dans le moins bon aussi, comme ce fut le cas pour Liam Lawson. Bien qu'il termine sur le podium du classement général, le Néo-Zélandais passe peut-être à côté de l'opportunité de sa vie de monter en Formule 1 du côté de chez AlphaTauri. Pourtant sa saison est mathématiquement très solide : 10 podiums, 4 victoires, hors des points à 5 reprises seulement (hors abandon). Mais trop d'irrégularité et de fautes bêtes, trop d'inconstance dans ses prises de décision et dans sa gestion de course. Trop d'immaturité dans son pilotage finalement, ce qui est malheureusement symptomatique du plateau 2022. Et pourtant Liam Lawson est un pilote extrêmement talentueux qui a déjà fait ses preuves, que ce soit dans les catégories Juniors, ou même hors de la monoplace (cf sa campagne en DTM). Un passage au Japon pour le Kiwi qui lui permettra d'emmagasiner de la rigueur et de prétendre à un baquet en Formule 1 pour les années à venir.
Mais du côté de chez Red Bull, la concurrence est rude, et ce n'est pas la campagne d'Ayumu Iwasa qui nous contredira. Une véritable montée en puissance pour un pilote que personne ou presque n'attendait à un tel niveau dès sa première saison de Formule 2. Des débuts exceptionnels à Bahreïn avec des dépassements en veux-tu, en voilà, pour une première victoire en France, avec la manière, et une fin de saison impressionnante avec la pole position et la victoire à Abu Dhabi. Un Bilan bien plus irrégulier que les pilotes de devant, mais remarquable pour un rookie qu'il faudra inévitablement attendre aux avant-postes en 2023.
Dernier pilote qui mérite un zoom pour cette catégorie de challengers : Jack Doohan. Une saison solide pour lui aussi, là aussi marquée par de nombreux abandons et soucis mécaniques, mais tout de même encourageante pour la suite. Avec trois victoires pour 6 podiums et surtout 3 poles positions, il s'inscrit comme l'un des prétendants à suivre de très près en 2023. Et on ne vous cache pas qu'une bataille Pourchaire/Iwasa/Doohan pour le titre, ça nous excite beaucoup...
Les autres.
On ne passera pas tous les pilotes en revue, mais il est tout de même important de distinguer deux catégories de pilotes pour terminer ce Bilan : les bonnes surprises, et les déceptions.
Pour commencer avec le positif, parlons par exemple d'Enzo Fittipaldi, en progression tout au long de la saison, et qui s'inscrit peut-être comme un nom à retenir pour la saison à venir. On peut aussi parler de Frederik Vesti, très inconstant mais qui aura montré de très belles choses, notamment en Italie avec un double podium.
Dennis Hauger aura mis beaucoup de temps à s'adapter à la catégorie, mais il aura aussi montré que les espoirs placés en lui ne sont peut-être pas vains. Tout comme Richard Verschoor, surprise régulière du top 10, voire même par moments du podium. Idem pour Marcus Armstrong qu'on n'attendait plus après une saison 2021 décevante, avec quelques très belles courses en 2022 et plusieurs victoires. Enfin, un Ralph Boschung surprenant qui aura manqué plus de la moitié de la saison à cause de douleurs lombaires, et qui aura ensuite perdu tout son Momentum.
Ça, c'était le positif, ou du moins le « non négatif ». Car il y en a eu du mauvais en 2022. Oh qu'il y en a eu... On passera sur les trop nombreuses manœuvres dangereuses et débiles d'approximativement tout le plateau, ce qui aura souvent causé des accidents, des suraccidents, et des sorties de pistes aussi bêtes que ridicules. On ne va pas citer de noms, mais certains reviennent souvent à ce sujet (Cordeel, Nissany). Oups... Bon, malgré quelques bonnes prestations, ce sont les deux seuls à avoir été exclus de weekend pour une accumulation de points de pénalités, et ce n'est pas volé...
De côté des déceptions purement sportives, on peut parler de Jehan Daruvala, qui, comme souvent, décide de se faire oublier et de nous rappeler qu'il existe de temps en temps. Une P7 tout de même au classement général, mais qui n'est pas une bonne chose au vu des résultats qu'il a obtenus (8 podiums, une victoire). Il devrait être bien plus haut.
Autres déceptions sportives, pêle-mêle : Jüri Vips, plus en vogue pour ses déclarations polémiques hors de la piste que pour son pilotage, et Clément Novalak complètement dominé par son coéquipier et qui n'aura jamais pu se mettre à son niveau. Pour tous les autres pilotes, les attentes n'étaient pas hautes, et tant mieux, parce qu'on a tout de même été très déçu...
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En bref, nous ne retiendrons de cette saison que les résultats, ces derniers étant les seules choses intéressantes. Car en piste, à part quelques courses (et souvent à cause d'incidents), on s'est globalement fait chier. On est sûrement sur la pire saison de l'histoire du championnat depuis sa refonte, et peut-être même de toute l'histoire de la catégorie, ex-GP2. Et c'est dommage parce qu'encore une fois, sur le papier, le vivier de talents était exceptionnel. Preuve encore que ce n'est pas parce que l'on a tous les meilleurs ingrédients du monde que l'on sait cuisiner...
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