Débrief Juniors : FIA F2, FIA F3, FRECA, FFSA F4.
Ce weekend nous laissait espérer à un très grand weekend de sport automobile du côté de nos Juniors. Nous avions deux championnats où les titres allaient être décernés, et deux des championnats les plus intéressant de notre saison qui revenaient après de longues et belles vacances. Si on ne peut pas dire qu'on s'est ennuyé ce weekend, car se serait mentir au vu des courses plus qu'animées, tout n'est cependant pas bon à retenir... À vrai dire, on est même plutôt sur un weekend très mitigé...
FIA Formule 2.
On se rapproche (enfin) de la fin d'une saison poussive, agaçante, difficile à regarder, que l'on peut facilement qualifier de pire de toute l'Histoire récente de la Formule 2.
Felipe Drugovich s'impose au terme d'un weekend catastrophique, marqué par un abandon en course sprint, et d'une très anonyme P7 en course principale. Un séjour italien qui, aussi oubliable soit-il, restera pourtant à jamais gravé dans son palmarès, puisque c'est donc ici qu'il a été titré. Un titre amplement mérité, acquis au terme d'une saison fabuleuse, très sérieuse et marquée par une constance remarquable, qui fait du brésilien le seul pilote ou presque à pouvoir légitimement prétendre à un volant au-delà de la Formule 2 ; on pense bien sûr à la Formule 1, même si les places se font rares et que les rumeurs disent tout autre chose. On aura le temps de revenir un peu plus en détails sur cette année de Drugovich, mais s'il y a une chose à retenir de ce Debrief de Formule 2, c'est ce titre.
Et c'est honnêtement la seule chose à retenir de ce weekend désastreux et clownesque du début à la fin... Encore une fois des Qualifications marquées par une interruption qui pénalise les pilotes qui ne comprennent décidemment pas qu'ils peuvent aussi être rapide lors de leurs premières tentatives, une course sprint très sale, avec une première chicane complètement redessinée par l'intégralité du plateau, et une course longue clownesque qui n'aura vu que 14 voitures franchir la ligne d'arrivée, sans le moindre suspens, sans le moindre intérêt.
C'est on ne peut plus symptomatique d'un plateau qui est une véritable erreur de casting. Et faire ce constat n'est pas du tout flatteur pour les pilotes qui ont joué les premiers rôles. Preuve en est, quand les leaders et les forces en présence sont reléguées au second plan, la piste devient une immense cours de récréation dans laquelle les enfants s'amusent à se frapper. Parce que c'est ce qu'il se passe. Les règles ne sont pas respectées, qu'elles soient écrites dans le règlement ou qu'elles soient simplement morales et relevant du bon sens, ce qui créé un cercle vicieux : pilote A fait n'importe quoi, n'est pas sanctionné, pilote B le voit, fait la même chose, et ainsi de suite jusqu'à pilote Z. On parle donc de zig-zag en zone de freinage, on parle de coups de volants, on parle de tasser son adversaire, on parle de couper une chicane, on parle de se jeter dans les roues de son adversaire pour lui faire peur et l'obliger à laisser la place, on parle de toutes ces choses qui font qu'aujourd'hui, la Formule 2 n'a aucune légitimité à se considérer comme l'anti-chambre de la Formule 1.
C'est peut-être dur, c'est peut-être très tranché, mais aujourd'hui, à la rédaction, on ne voit aucun pilote de Formule 2 capable de faire son trou en Formule 1 dans l'état actuel des choses. Vous comprendrez que lorsque l'on observe chaque pilote individuellement, c'est plutôt cocasse que l'on arrive à une telle conclusion, alors que tous ou presque ont, à un moment de leur carrière, montré qu'ils pouvaient avoir le potentiel de prétendre à une place dans l'élite.
On espère que la pause qui attends ce plateau jusqu'à la dernière manche lui permettra de se reposer et de revenir en forme, parce que nous, on est épuisé, et on n'a qu'une hâte, c'est de terminer cette saison et de ne plus y repenser.
La FIA Formule 2 en bref.
Qualification – Pole position de J. Doohan.
| A. Cordeel P12, R. Boschung P13, T. Pourchaire P14, C. Novalak P21.
Course 1 – Victoire de J. Vips, suivi de F. Vesti et de J. Daruvala.
| A. Cordeel P15, T. Pourchaire P17, R. Boschung DNF, C. Novalak DNF.
Course 2 – Victoire de J. Daruvala, suivi de F. Vesti et de A. Iwasa.
| A. Cordeel P8, C. Novalak P9, R. Boschung DNF, T. Pourchaire DNF.
+ Felipe Drugovich est titré. Superbe saison, un titre entièrement mérité. C'est peut-être la seule façon qu'il avait pour prétendre à la Formule 1, affaire à suivre...
+ Clément Novalak et Amaury Cordeel profitent des circonstances de course pour marquer des points. Auteurs de deux saisons catastrophiques, ces points font du bien au moral.
+ Il n'y a plus d'enjeux, il n'y a plus de pression, et on se rapproche de la fin de la saison. Enfin !
– Des courses faussement animées à cause de trop de manœuvres irresponsables, dangereuses, antisportives et débiles.
– Jehan Daruvala, vainqueur de la course principale après avoir sorti deux pilotes sans avoir été inquiété de la moindre sanction.
– Le circuit de Monza, visiblement trop sinueux pour les pilotes, qui ont préféré se réapproprier les limites de piste. Vous parlez de la première chicane ? Quelle première chicane...?
FIA Formule 3.
Ils étaient sept pour un titre, et le verdict est finalement tombé : c’est le Français Victor Martins (ART GP) qui est sacré, devenant le premier pilote non-Prema à gagner la FIA F3. Le premier Français aussi à gagner le troisième échelon de la pyramide du sport auto depuis son « grand-frère » Anthoine Hubert en GP3 en 2018.
Au fil des ultimes tours de la dernière course de la saison, il commençait à devenir clair que le titre se jouerait entre Zane Maloney, Ollie Bearman et Victor Martins, qui occupaient les trois premières places de la course. Un final épique pour une saison épique, mais nous étions plutôt sur un mauvais remake d’Abu Dhabi 2021... Kush Maini était dans le rôle de Latifi, et est parti à la faute au deuxième Lesmo, laissant gentiment sa voiture rouler (au lieu de rester sur les freins) et percuter violemment celle de Benavides. Vu la localisation du crash, et les dégâts étalés sur la piste, le drapeau rouge était inévitable (différent de la situation de Ricciardo cette année).
Une fois les voitures rentrées aux stands, tout le monde était si excité à l’idée d’un énorme sprint final. Mais, tout à coup, une pénalité de 5 secondes tomba... pour Victor Martins, à cause des track limits. Martins semblait avoir tout perdu avec ce drapeau rouge. Il avait en effet, avant cette interruption, construit un gap de plus de 5 secondes avec la 6e place, vitale pour assurer le titre, mais avec ce drapeau rouge et la relance qui devait suivre, Martins avait tout perdu. Puis, finalement, nouveau retournement de situation : la course ne reprendra pas.
Énorme incompréhension, et de très, très longues minutes s’écouleront avant de connaître la position finale de Martins et l’issue de la lutte pour le titre. Des minutes si longues qui auraient permis de relancer et de terminer la course... Une vaste blague.
Tout d’abord : pourquoi ne pas avoir repris la course alors que la piste était dégagée ? Le fait d’avoir la F2 et la Porsche Supercup qui suivaient dans le programme, ne tient pas. Les discussions, les calculs d’apothicaire (faits pendant que toutes les voitures étaient dans la pitlane) ont pris bien plus de temps qu’une fin de course standard. Au final, Martins s’est imposé, mais forcément, les défenseurs de Bearman voient-là un titre au rabais... Bref, on a reproduit Abu Dhabi 2021, mais autrement.
Mais comme l’a si bien dit le vice-champion Zane Maloney à F1 Feeder Series, « il n’y a pas mieux que Victor pour gagner ce championnat. Il a fait un travail incroyable toute l’année et le mérite entièrement. N’importe qui qui dit qu’il ne le mérite pas se trompe totalement, donc bravo à Victor. »
Il y avait tellement de choses à dire sur ce final de F3 à Monza, mais voilà ce qu’on retient en premier lieu. Pour le reste, mes tweets ont déjà évoqué le plus important, et enfin, le débrief de fin de saison en Décembre permettra d’aborder tous les pilotes.
Félicitations Victor Martins, mais aussi félicitations à Zane Maloney, Ollie Bearman et Isack Hadjar, trois rookies qui auront tenu la dragée haute à Martins jusqu’au bout, et qui méritent autant de compliments que le nouveau champion F3.
La FIA Formule 3 en bref.
Qualification – Pole position de A. Smolyar.
| V. Martins P4, A. Leclerc P5, G. Saucy P15, I. Hadjar P16.
Course 1 – Victoire de F. Colapinto, suivi de O. Bearman et de C. Collet.
| G. Saucy P6, A. Leclerc P8, V. Martins P10, I. Hadjar P27.
Course 2 – Victoire de Z. Maloney, suivi de O. Bearman et de J. Crawford.
| V. Martins P4, A. Leclerc P5, I. Hadjar P9, G. Saucy P28.
+ Victor Martins fait un merveilleux champion. Taille patron du début jusqu’à la fin de l’année.
+ Ollie Bearman et Zane Maloney finissent la saison en beauté. Que cette génération de Rookies est enthousiasmante avec Hadjar !
+ Quel suspense on aura eu jusqu’au dernier tour, et même au-delà...
– MAIS QUEL GÂCHIS ! La Formule 3 vivait la plus belle saison de son Histoire et se termine en eau de boudin, avec une fin sous drapeau rouge et une communication désastreuse sur les pénalités pour track limits. C’était vraiment ridicule...
– Des pilotes très, très tendus dans le peloton. Peut-on vraiment leur en vouloir avec de tels enjeux ?
– Isack Hadjar pourra s’en vouloir... Cette erreur dans la Parabolique en Qualifications alors qu’il signait le meilleur temps change tellement de choses dans la lutte au titre.
FRECA.
Pas de Beganovic, pas de Minì, ni même de Aron vainqueur ce weekend en Autriche ! Sur les terres de Red Bull, c’est bien les deux outsiders Kas Haverkort et Hadrien David qui ont lancé idéalement leur fin de saison en s’imposant.
Le weekend aura été longuement perturbé par la pluie, et la Course 1 aura vu un suspense à tous les étages, notamment pour la victoire. Mais Van Amersfoort Racing avait LE setup parfait et a réalisé son premier doublé de la saison avec Haverkort et Düfek. L’incroyable Pierre-Louis Chovet, presque deux ans après sa dernière apparition en FREC, a lutté avec eux et a offert à la très jeune équipe RPM, son premier podium en FRECA.
Derrière, les pilotes ayant fait le pari de rentrer aux stands pour passer des pneus slicks (David, Aron, etc.) ont tout perdu et ont fini hors des points. Aron s’est même couvert de ridicule en s’accrochant inutilement avec son coéquipier...
Le lendemain, c’est sur une piste sèche que Qualificationq et course se sont déroulées. Il y aura eu moins de mouvement en tête de course, pour le plus grand plaisir d’Hadrien David, qui décroche sa 3e victoire cette saison.
Dans la course au titre, Dino Beganovic n’aura certes pas gagné, mais a encore accru son avance au classement. Avec 53 points d’avance et quatre courses restantes, il a sûrement fait le plus dur. Derrière, cela se resserre, et la lutte pourrait être pour le titre de vice-champion entre Minì, Aron, David et Haverkort.
Côté français, Pierre-Louis Chovet aura marqué 21 points en un unique weekend. Que ça fait du bien de lui revoir en monoplace, et qui plus est, à pareille fête. Le weekend aura été si frustrant pour Owen Tangavelou, qui est parti deux fois de la 2e ligne en Qualifications, mais qui a été poussé plusieurs fois à l’extérieur du virage 4 dans les graviers... Dommage. Capietto aura aussi joué de malchance sur la Course 1, pris dans le chaos du midfield, après une sublime P7 en Qualifications. Sami Meguetounif pourra regretter son changement de moteur qui l’a forcé à s’élancer dernier sur les deux courses. Sur les deux courses, il aura remonté 45 (!) places. Le Français a clairement trouvé un déclic.
Pour revoir la FRECA, il faudra s’armer de patience, car le prochain meeting est à Barcelone dans un mois. Ce sera la première étape du double-header final qui donnera le dénouement de cette très jolie année.
La FRECA en bref.
Qualifications – Poles positions de P. Aron et de H. David.
| P.-L. Chovet P3 et P6, O. Tangavelou P4 et P3, M. Capietto P7 et P34, H. David P8 et P1,
S. Meguetounif P10 et P15 (pénalités moteur), J. Dufek P11 et P4, E. Masson P22 et P17,
V. Bernier P23 et P24, G. Henrion P32 et P33.
Course 1 – Victoire de K. Haverkort, suivi de J. Düfek et de P.-L. Chovet.
| S. Meguetounif P11, H. David P13, O. Tangavelou P14, M. Capietto P16, E. Masson P22,
V. Bernier P26, G. Henrion DNF.
Course 2 – Victoire de H. David, suivi de D. Beganovic et de J. Düfek.
| P.-L. Chovet P7, O. Tangavelou P11, V. Bernier P13, S. Meguetounif P15, G. Henrion P20,
M. Capietto P28, E. Masson DNF.
+ Les RPM à la fête avec Chovet et Tangavelou. Que c’est rafraichissant de voir une nouvelle équipe se battre pour la victoire et le podium. Côté français, weekend fou de Meguetounif qui a gagné 45 places en 2 courses !
+ Josh Düfek, homme du weekend, présent sur les deux podiums. Énorme perf' du Suisse de VAR.
+ Hadrien David et Kas Haverkort ont réalisé des victoires de grande classe, et se relancent pour la 2e place au général.
– Gabriele Minì perd du terrain sur Beganovic, et Paul Aron fait un zéro pointé (avec en prime un accrochage stupide avec son coéquipier...). Le titre vient sûrement de se jouer définitivement ce weekend.
– Esteban Masson... C’est compliqué. On s’attendait à mieux en rejoignant ART GP.
– Les jeunes Rookies français Tangavelou, Capietto et Meguetounif ont fait des weekends formidables. Mais ont vraiment été mal récompensés (faits de course pour le premier, problème mécanique pour le deuxième, changement moteur pour le troisième...)
FFSA Formule 4.
On attendait beaucoup du retour des Académiciens de la FFSA à Lédenon après plus d’un mois de pause estivale. Nous n’avons pas été déçu car, pour une fois, ce meeting ne s’est pas résumé à un cavalier seul d’Hugh Barter. Cette fois-ci, ils étaient deux à écraser ce weekend, grâce à Alessandro Giusti.
Après avoir claqué ses deux premières poles de la saison pour moins d’un dixième devant l’Australien, Giusti a décroché sa première victoire lors de la Course 3 du Dimanche. Deuxième en Course 1, 4e en Course 2 à grille inversée, le Français de tout juste 16 ans depuis ce weekend, a été impressionnant, en étant le premier à battre Barter à la régulière. Avec 28 points de retard sur ce dernier, la course au titre est totalement relancée. Malgré un nouveau gros weekend (trois podiums), l’Australien a été battu pour la première fois par Giusti, et ne marquera pas de points le weekend prochain à Valencia. Le championnat est loin d’être fini...
Le quatuor de tête s’est totalement divisé, avec le jeune pilote Red Bull Souta Arao et Elliott Vayron qui sont un peu passés à côté de leur weekend. Ils sont montés sur le podium à une seule reprise, et ont vraiment été décrochés au classement général par Barter et Giusti.
Dans le midfield, même s’ils ne jouent pas le titre, Pierre-Alexandre Provost (vainqueur en Course 2), et Dario Cabanelas (podium en Course 3) ont reboosté une saison jusqu’ici assez morose. Enzo Peugeot a encore marqué de gros points dans la course à la 5e place au général et à la place de meilleur Rookie, mais a encore été jugé fautif d’un accident avec son rival colombien Jeronimo Berrio (comme à Spa)... Il faudra régler cela les prochaines fois.
On aura la suite des aventures de nos jeunes pilotes dès ce weekend, pour le deuxième et ultime meeting à l’étranger de la F4 française, à Valencia.
La FFSA F4 en bref.
Qualifications – Poles positions de A. Giusti.
Course 1 – Victoire de H. Barter, suivi de A. Giusti et de S. Arao.
Course 2 – Victoire de P.-A. Provost, suivi de H. Barter et de E. Vayron.
Course 3 – Victoire de A. Giusti, suivi de H. Barter et de D. Cabanelas.
+ Alessandro Giusti est de retour ! Quel weekend du jeune Français ! Il est relancé dans la course au titre.
+ Provost et Cabanelas, les grands gagnants du midfield.
+ Max Reis et Edgar Pierre ont probablement réalisé leur meilleur weekend, même s’ils ont été parfois malchanceux.
– Souta Arao est passé de +4 à -29 face à Giusti. Le titre vient peut-être de s’envoler à Lédenon pour le Japonais.
– Weekend compliqué pour Berrio et Andriolo, frappés par la malchance, et notamment par les contacts avec d’autres pilotes...
– On a frôlé le sublime niveau commentaires, avec un amateurisme rare et des pilotes confondus avec d’autres pendant presque l’intégralité de l’épreuve. Cerise sur le gâteau : les séquences tournant au cringe total quand le commentateur relançait son invité, un pauvre enfant de 9 ans tout timide. Lunaire.
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