Débrief Juniors : FIA F2.
« Well done Baku ». C'était le slogan du Grand-Prix d'Azerbaidjan il y a quelques années, qui, depuis, est toujours bel et bien d'actualité. Et à l'issue de ce weekend de Formule 2 en terres azéries, Baku et son circuit sont les deux seules entités que l'on a envie de félicité...
Deux courses bien trop hachées à cause de trop nombreux incidents, dont la majorité est débile au possible, des favoris qui ne répondent pas du tout présents, et un championnat qui, petit à petit, fait comprendre à ses spectateurs que son cru 2022 ne fonctionnera pas et qu'il ne figurera pas parmi les meilleurs de son existence. On est sur une saison qui s'apparente à ce que l'on avait eu en 2019 : un champion correct, méritant, mais par défaut, des poursuivants décevants, et un potentiel global très faible. Pourtant, facilement la moitié du plateau est intéressante et a démontré de très belles choses dans les catégories inférieures, mais force est de constater que la mayonnaise ne prend pas...
Pour parfaitement illustrer ces propos, il suffit de regarder le nombre aberrant d'interventions de la direction de course sur l'ensemble des deux épreuves : 6 Safety Car (on peut en ajouter une 7e pour l'incident du dernier tour en Course 1), 1 Virtual Safety Car, des enquêtes à tout va, des pénalités, et une facture globale pour les équipes qui va s'avérer être très salée vu le nombre d'aileron et de pneus qui devront être jetés à la poubelle.
Et que l'on soit honnête, la très grande majorité des incidents ne sont pas dus à de superbes batailles, engagées, qui causent des contacts et qui sont punies par la présence des murs. Non, pas du tout. Ces incidents sont pour la grande majorité due à des fautes d'inattention, à de la bêtise pure, et à une lecture de trajectoire et de zone de freinage aussi efficace que le bouton "edit" de Twitter. (Pour ceux qui n'ont pas Twitter, le bouton "edit" n'existe pas...). Au bas mot, la moitié du plateau, si ce n'est plus, aura commis des erreurs ou aura été impliqué dans des incidents ce weekend. Je vous rappelle tout de même que la Formule 2 est censée contenir les futurs Champions du Monde de Formule 1...
Avant de se pencher sur les pilotes de tête et sur leurs performances respectives, j'ai envie de souligner le weekend de Jake Hughes. Un weekend qui, sportivement, n'est pas extraordinaire du tout, mais un weekend durant lequel son attitude était exemplaire. Surtout en Course 1, où depuis la pole position, il aura défendu son bout de viande jusque dans les derniers tours. Bon, tout le plateau aura pris un croc dans son steak, puisque le pilote V.A.R. dégringole au dernier rang avant de profiter des incidents de courses pour se hisser P9... Mais ce que je souhaite souligner, c'est justement sa défense, très propre et intelligente. Hughes sera resté sur une seule ligne à chaque fois, dans les potions sinueuses, il savait positionner sa voiture pour fermer les portes sans être dangereux, à la bataille, il a toujours laissé la place, et aucune manœuvre dangereuse ou idiote n'est à lui créditer. Sa défense exemplaire (dans la forme, pas dans le fond, puisqu'inefficace), aura en plus de cela attiré une attaque tout aussi sublime, puisque tous les pilotes du plateau auront brillé par de belles manœuvres, là aussi propres et intelligentes. La preuve que lorsque les deux pilotes s'y mettent, les choses ne sont pas obligées de se terminer dans le mur ou avec des bouts de carbone en moins...
Mais bon, aussi exemplaire soit-il ce weekend, Jake Hughes n'aura pas performé. Celui qui s'en tire le mieux, encore une fois, c'est Felipe Drugovich, sans être étincelant un seul instant. Qualifié 5e, il se fera oublier en Course 1 pour terminer à cette même position (il partait 6e avec la grille inversée). Le lendemain, c'est une course tout aussi calme de sa part, très opportuniste, qui lui permet de monter sur un podium inespéré. Avec les très mauvaises prestations de ses poursuivants, le Brésilien creuse l'écart au classement.
Autre pilote a bien tiré son épingle du weekend très piégeux de Baku : Jehan Daruvala. L'Indien termine 2e et 4e, et s'offre donc un excellent bilan comptable. Cela aurait pu être mieux, puisqu'il perd la tête de la Course 1 suite à une relance très moyenne, mais avec du recul, je pense que c'est un résultat qui lui convient parfaitement. Il réduit son retard sur Théo Pourchaire et se rapproche du sommet du classement.
Parce que derrière, s'il faut parler des autres prétendants au titre... Théo Pourchaire justement est passé à côté de ses Qualifications (12e), sera remonté 7e en Course 1 mais n'aura pas marqué de points en Course 2. La faute à pas de chance puisqu'il est impliqué dans un incident à la relance de l'une des nombreuses Safety Car. Mais un peu la faute à Théo Pourchaire tout de même, car une meilleure qualification aurait pu lui éviter cela. Malheureusement pour nous, francophones, et donc supporters de nos pilotes, ce weekend est un peu révélateur de la saison de Pourchaire... Il est là, il est bon, il a de la vitesse, mais il n'arrive pas à aligner tous les éléments bout à bout pour que la magie opère, que ce soit de sa faute ou non d'ailleurs. Quand l'on connaît la difficulté du marché en Formule 1, et que l'on ne le voit pas s'imposer dans une catégorie au niveau assez faible globalement, c'est son avenir qui, pour le moment, semble en prendre un coup...
Tous les autres pilotes, ou du moins une grande majorité, auront réalisé un weekend en dents de scie. Par exemple Dennis Hauger, à la lutte pour de belles positions en Course 1, qui termine sa course dans le mur, mais qui se rattrape en s'imposant le lendemain. Frederik Vesti, impérial opportuniste le Samedi qui cale sur la grille le Dimanche pour terminer loin. Lawson qui réalise une Course 1 correcte, monte sur le podium, mais qui est victime des incidents de course et d'une crevaison en Course 2. Logan Sargeant, autre opportuniste du Dimanche qui, la veille, était dans l'anonymat le plus complet. Et on peut continuer...
Finalement, un seul aura été constant du début à la fin, comme il l'est depuis le début de la saison, et c'est Jüri Vips. Constant dans ses résultats, qui sont provoqués soit par de la malchance, soit par une faute de sa part. Eh bien ce weekend, nous avons eu le droit aux deux ! Une première course anéantie par Enzo Fittipaldi qui tire tout droit et qui entraîne avec lui un Vips complètement passager, et une seconde course qui était promise à l'Estonien jusqu'à ce qu'il se mette tout seul, comme un grand, dans le mur. Une faute, une fois, ça arrive... Une faute, à presque chaque weekend de l'année quand l'on est présenté comme l'un des favoris au titre, ça arrive aussi, la preuve, mais ça passe bien moins...
En bref.
Qualifications – Pole position de J. Vips.
| T. Pourchaire P12, A. Cordeel P19, C. Novalak P20.
Course 1 – Victoire de F. Vesti, suivi de J. Daruvala et de L. Lawson.
| T. Pourchaire P7, A. Cordeel P13, C. Novalak P14.
Course 2 – Victoire de D. Hauger, suivi de L. Sargeant et de F. Drugovich.
| T. Pourchaire P11, A. Cordeel DNF, C. Novalak DNF.
+ Jake Hughes aura prouvé à tout le monde qu'une défense propre est possible, et qu'elle attire avec elle des attaques tout aussi propres, malgré un rythme très moyen.
+ Des résultats fous, grâce à des courses chamboulées. (Oui, on se raccroche à ce qu'on peut...)
+ De très nombreux incidents pour nous laisser éveillés...
– ... mais c'est à peu près tout. Sans ces incidents, on se serait bien fait chier.
– Le niveau global du plateau qui ne semble vraiment pas être élevé et qui, de surplus, est ponctué d'idioties.
– Le weekend catastrophique de nos francophones, pas dans le rythme du tout, ponctué par la tant attendue course de suspension décrochée par Amaury Cordeel pour le prochain meeting. Pour sa prochaine course, il aura en plus de cela une pénalité de trois places sur la grille.
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