Débrief : Japon 2022.
Depuis 2019 le Japon n'était plus au calendrier. Une terre de sport, d'automobile, de sport automobile donc, des fans, un engouement fantastique, un circuit historique... Bref, le Japon nous avait manqué. Et pour signer un retour parfait, Suzuka et les organisateurs du Grand-Prix ont souhaité rejouer quelques-unes des plus belles scènes de l'histoire de la Formule 1 au Japon : un drapeau à damier brandit un tour trop tôt, comme en 2019, une dépanneuse en piste alors que des voitures roulent sous une pluie diluvienne, comme en 2014, et un titre attribué dans le flou et dans l'incompréhension à la sortie de la voiture, comme en 1976. Bref, un jubilé des grands moments de Suzuka...
Bon, désolé, mais aujourd'hui, on ne va pas ou très peu parler de sportif. Une seule heure de course, aussi chiante que passionnante, durant laquelle la pluie aura aussi bien ajouté de l'intérêt que tué les potentielles batailles et stratégies. Mais bon, on ne va pas s'en plaindre, nous avons eu des dépassements, du suspense, et puis on va se plaindre d'autres choses de toute façon !
À commencer par la Direction de Course, qui est finalement le fil rouge de toutes les plaintes. On commence sobrement, avec un drapeau rouge à cause des conditions météorologiques. C'est logique, bien que la piste ait été praticable, la visibilité, elle, était nulle. Une question de sécurité sur laquelle la FIA a été juste. Parfait contraste avec la sortie en piste d'un engin de levage juste avant la sortie de ce même drapeau rouge... Un hommage sûrement très mal venu à ce qu'il s'est passé en 2014, Pierre Gasly passant à pleine vitesse à côté de la grue, ce qui explique logiquement sa colère noire aperçu lors de l'interruption de la course, bien que le Normand ne soit pas exempt de tout reproche non plus. Il écopera d'ailleurs d'une pénalité de 20 secondes et de 2 points de pénalité sur sa Super Licence. Une sanction logique sur le fond, mais dans la forme... La FIA reconnaissant la sortie d'un engin de levage et la présence de commissaire, reconnaissant aussi que Pierre Gasly ait pu être choqué, mais manipulant les mots afin de se rendre innocente dans l'incident...
Toujours sous drapeau rouge, on nous annonce que la course repart, puis... en fait non. Bon, soit. C'est 1h20 plus tard que le départ est redonné, en obligeant les pilotes à chausser des pneus pluie. Et arrive la seconde plainte. Quelle est l'utilité de ces pneus pluie à part d'être chaussé sur les voitures pour faire le trajet entre le parc fermé et le garage ? On l'a vu un bon nombre de fois et depuis plusieurs années, ces pneus ne sont jamais utilisés et sont délaissés au profit des pneus intermédiaires. Pourquoi ? Est-ce qu'ils sont ratés, inefficaces ? Est-ce que les intermédiaires sont, en comparaison, trop efficaces ? Ils ont l'air en tout cas préféré par les pilotes, notamment pour la visibilité, ces derniers évacuants moins d'eau. C'est d'ailleurs, je pense, une des bonnes raisons pour lesquelles tous les pilotes ou presque ont chaussé les intermédiaires au bout de quelques tours seulement...
On fait un petit bon dans la course et on se dirige vers la fin, et le drapeau à damier. Un drapeau à damier abaissé un tour trop tôt si l'on se fixe au cas pratique de Singapour la semaine dernière. Or... Il semblerait que ce soit plus compliqué que ça. À Singapour, nous avions 2h de course plus un tour. Ici, nous sommes arrivés à la fin des 3h d'épreuve, donc pas de tour supplémentaire. Une confusion totale que personne n'a compris et n'a su expliquer avant quelques heures. Alors pour le coup, la FIA semble respecter son règlement, mais force est de constater qu'il n'est pas logique...
Mais bon, une incompréhension qui nous plonge ensuite dans le dénouement de cette course et surtout du championnat, avec un titre donné en interview d'après course, sans la moindre émotion. Un simple « Eh, Max, vous êtes Champion du Monde ! ». La faute à une pénalité de 5 secondes données à Charles Leclerc pour un retour en piste jugé dangereux, à raison. Mais on est ici sur un dénouement fade, durant lequel personne n'était vraiment alerte de la situation et de ce qu'il se passait réellement. Même Max n'y croyait pas... Un joyeux bordel, preuve que le souci l'an dernier (et les années d'avant) n'était pas que Michael Masi. Mea Culpa.
Mais bon... Tout ça efface malheureusement beaucoup de belles choses. On a tout de même un nouveau double Champion du Monde, auteur d'une course splendide et sur sa planète, encore une fois. On a eu aussi une course intéressante grâce à la pluie, des batailles sympathiques, de superbes manœuvres, etc. Une course qui aura vu une superbe prestation d'Esteban Ocon qui permet à son équipe de reprendre les devants face à McLaren, les premiers points cette saison de Nicholas Latifi qui repasse devant Nick De Vries au classement, une superbe prestation de Sebastian Vettel qui réalise son jubilé sur un circuit où il était accueilli comme un roi, etc. En bref, plein de bonnes choses sur lesquelles on préfère tout de même terminer.
En bref.
Qualifications – Pole position de M. Verstappen.
| E. Ocon P5, P. Gasly P17.
Grand-Prix – Victoire de M. Verstappen, suivi de S. Pérez et de C. Leclerc.
| E. Ocon P4, P. Gasly P17.
+ Max Verstappen est double Champion du Monde. Une victoire méritée ici dans une saison extraordinaire (et ce n'est pas fini).
+ Les très belles performances de Vettel, Ocon et Latifi !
+ La pluie qui aura dynamisé une course qui s'annonçait très stratégique et donc pas forcément spectaculaire en piste...
– ... mais qui aura aussi empêché certaines batailles et manœuvres, même si on n'est pas à plaindre !
– Une Direction de Course complètement à la ramasse qui ne prend pas ses responsabilités et qui plonge une épreuve déjà chaotique dans un bordel sans nom.
– Un dénouement assez fade, et pour la course, et pour le championnat. C'est dommage, les deux méritaient bien mieux.
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