Débrief : États-Unis 2022.
« Un scénario digne d'un blockbuster hollywoodien ». « Un show à l'américaine ». En matière de titres clichés et sans la moindre personnalité, on risque d'être fournis cette semaine suite à ce Grand-Prix des États-Unis. Mais force est de constater qu'aussi peu originaux soient-ils, ces titres traduisent plutôt bien la réalité de ce weekend.
Bon, on ne va pas s'aventurer à dire si c'est le gentil ou le méchant qui a gagné, tout dépend de votre point de vue, mais pour rester neutre il nous suffit de dire que c'est Max Verstappen qui franchit la ligne d'arrivée en tête pour la 13e fois cette année. Il égale par ailleurs Michael Schumacher et Sebastian Vettel avec le record du plus de victoires sur une saison. Un record qu'il pourra aisément dépasser d'ici la fin de la saison. Mais ce résultat permet aussi à Red Bull de s'adjuger le titre constructeur qui lui échappait depuis justement 2013. Un bel hommage à Dietrich Mateschitz, l'autrichien fondateur de l'empire du taureau rouge, décédé durant le weekend. Sergio Pérez termine P4, à la porte d'un podium qui semblait trop difficile à atteindre vu le rythme incroyable des trois pilotes de tête.
Celui qui franchit la ligne après Super Max, c'est son rival de la saison passée, Lewis Hamilton. Une course très sérieuse qui aurait pu être celle de la statistique, le Britannique poursuivant toujours sa victoire annuelle. Mais Red Bull était au-dessus du lot, et cet arrêt très long de Verstappen n'aura pas été suffisant pour que Mercedes en profite pleinement. Malgré tout, cela reste une excellente performance et un très bon résultat pour Hamilton et Mercedes. Surtout que George Russell était plus en retrait sur la course. Autant suite aux Qualifications il s'élançait juste derrière son coéquipier, autant en course il était un cran en-dessous. Il s'offre tout de même le meilleur tour en course, bien que ce ne soit qu'anecdotique sur sa prestation.
Enfin, troisième larron sur le podium et troisième équipe différente : Charles Leclerc ! Le Monégasque a offert une superbe course lui aussi et quelques très belles manœuvres pour remonter depuis la P12. Il n'y a pas grand-chose à dire sur cette course si ce n'est un gros bravo tant la Ferrari ne semblait pas à l'aise en rythme de course. Comme souvent, c'est en Qualifications qu'elle brille. Et ce n'est pas Carlos Sainz, poleman émérite, qui dira le contraire. Malheureusement pour lui, sa course se termine dès le premier tour suite à un contact avec George Russell dont il est, à mon sens, entièrement victime. Quand ça ne veut pas, avec Ferrari, ça ne veut vraiment pas...
Bon, et derrière ce beau monde, qui retrouve-t-on ? Eh bien les pilotes habituels. Lando Norris est le meilleur des autres, quand son coéquipier est le pire. Un weekend diamétralement opposé pour les deux pilotes, l'un étant surprenamment bien placé, l'autre étant étonnamment complètement à la ramasse.
Fernando Alonso suit Lando. Là aussi une superbe performance pour l'Espagnol qui aurait pu terminer sa course bien plus tôt après un impressionnant accrochage avec Lance Stroll et un décollage assez impressionnant. Miraculeusement, la voiture s'en est sortie presque indemne et Nando a pu dérouler son art pour aller chercher une P7 inespérée. Un poil plus compliqué pour Esteban Ocon qui échoue à la porte des points, Alpine ayant retardé au maximum son dernier arrêt, ce qui lui a coûté très cher. Enfin... En théorie, puisque quelques heures après la fin de la course, la FIA pénalise l'Espagnol, jugeant que l'état de la voiture était trop dangereux... Il rétrograde loin hors des points, ce qui permets à Esteban Ocon de grapiller le tout petit point de la P10.
La surprise, ou pas tant que ça, ce sont les Aston Martin ! Celle de Sebastian Vettel tout d'abord, qui termine la course P7 donc, après notamment un ultime dépassement dantesque sur Kevin Magnussen. Une course fabuleuse de l'Allemand qui nous a offert du beau pilotage, de beaux dépassements, et au final un très bon résultat pour son équipe. Aston Martin aurait tout de même pu rêver mieux, puisque Lance Stroll était lui aussi très bien placé avant qu'il ne s'accroche avec Fernando Alonso. Un accident, selon moi, dont il est très majoritairement coupable, sa manœuvre défensive étant bien trop tardive et bien trop brusque. On dit souvent que se décaler tardivement en ligne droite peut être dangereux, ce weekend, ça l'a été...
Kevin Magnussen termine P8 et permet à Haas de marquer des points, et à domicile ! Une excellente course du Danois, très sérieux et appliqué, opportuniste comme il le fallait. Bien mieux que son coéquipier qui, au moment où les discussions sur son avenir font rage, n'a pas su se montrer sous son meilleur profil. C'est bien dommage car bien que sa saison soit un poil insuffisante, il n'est clairement pas le mauvais pilote que ses patrons essaient de montrer.
Enfin, Yuki Tsunoda clôture presque les points puisqu'il termine P9. Un bon résultat aussi pour le Nippon qui se relance peut-être dans une spirale positive ! Pierre Gasly a quant à lui été embarqué dans un cercle vicieux, entre pénalité pour non-respect des consignes sous Safety Car, pénalité pour limites de pistes, et par conséquent une stratégie complètement hasardeuse, rien n'était aligné pour qu'il fasse un bon résultat. Sans parler des problèmes de freins qui semblent persister du côté d'AlphaTauri...
Vous l'aurez compris, seules deux équipes n'auront pas marqué de points ce weekend : Alfa Romeo et Williams. Pour les premiers, c'est pas de chance car quelque chose était envisageable avec Valtteri Bottas avant qu'il se mette dans le bac à graviers. Pour les seconds, la marche était bien trop haute pour espérer quoi que ce soit.
Enfin, pour terminer, saluons les très bons essais des pilotes non-titulaires en FP1 : Robert Shwartzman pour Ferrari, Alex Palou pour McLaren, Théo Pourchaire pour Alfa Romeo, et Logan Sargeant pour Williams. Ce dernier ayant été annoncé titulaire l'an prochain à la condition qu'il réunisse les points de Super Licence nécessaire à l'issue de l'ultime manche de F2 en fin d'année. Antonio Giovinazzi a lui aussi participé à cette séance, juste le temps de se mettre dans le mur au bout de 10 minutes...
En bref.
Qualifications – Pole position de C. Sainz.
| P. Gasly P13, E. Ocon P18.
Grand-Prix – Victoire de M. Verstappen, suivi de L. Hamilton et de C. Leclerc.
| E. Ocon P11, P. Gasly P14.
+ Le trio de tête sur sa planète : Red Bull intouchable pour son sacre, Hamilton à un rien de décrocher sa victoire annuelle, Ferrari au sommet de son art (le bon).
+ Une course très intéressante, animée ! Entre la stratégie, des dépassements, et des incidents de courses pour dynamiser tout ça, on n'a pas eu trop le temps de s'ennuyer.
+ Shaquille O'Neil qui amène le trophée du vainqueur dans une décapotable à cornes. On pouvait difficilement faire plus texan tout en restant dans la légalité !
– De trop grosses disparités au sein des équipes... Un pilote au sommet, l'autre complètement à la ramasse, et ce dans trop d'équipes ce weekend.
– Lance Stroll auteur d'une manœuvre bien trop dangereuse. Ça aurait pu très mal finir.
– Antonio Giovinazzi, le moins bon des rookies testés en FP1. À la différence qu'il était le seul non-rookie... Et qu'il est en tête de liste pour un baquet en 2023...
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