Débrief : Émilie-Romagne 2022.
Imola. Imola, Imola, Imola... Par où commencer..? Peut-être par la constatation que ce weekend de course fut le premier, depuis bien longtemps, à être aussi frustrant, du début à la fin de son déroulé. Ou peut-être par l'effondrement des deux équipes à domicile ce weekend, et surtout de la Scuderia, porte étendard des fans italiens. Ou peut-être par une énième procession sur un Autodromo Enzo e Dino Ferrari qui, plus que jamais, nous montre qu'il a beau être magnifique et riche d'histoire, il n'en reste pas moins inadapté à la Formule 1.
Mais le sentiment qui règne réellement quelques moments après la fin de ce séjour italien, c'est un vide. Rien n'allait ce weekend. Les Qualifications, pourtant spectaculaires et animées en temps normal, ont été bien trop hachées par des drapeaux rouges en cascade. Le Sprint, aussi agréable soit-il, n'en reste pas moins qu'un premier relais de course, insipide et sportivement inintéressant, remettant tout le monde à sa place, et annihilant du potentiel spectacle pour le lendemain. Et la course, processionnaire, qui n'aura pas été perturbée par la pluie, le scénario ayant sûrement été le pire possible avec une piste rapidement séchante, un DRS tardivement autorisé, et un circuit aucunement propice aux dépassements à la régulière.
Un weekend fade donc, duquel on ne retiendra finalement que les résultats. C'est Red Bull qui l'emporte, Max Verstappen devançant son coéquipier. Un weekend sérieux de la structure autrichienne, qui aura été la plus intelligente en Qualifications, puis lors du Sprint, pour signer la pole position, puis gérer ses gommes à merveille afin de conserver la tête pour le départ de la véritable course. Pour le Grand-Prix, c'est une course calme, stratégiquement réussie, durant laquelle ils n'ont fait que se protéger des éventuelles attaques de la Scuderia Ferrari. Une défense volontaire, car ni Verstappen, ni Pérez, n'avait besoin de véritablement attaquer.
Car derrière, la Scuderia est retombée dans ses travers, et s'est sabordé son weekend sans l'aide de personne. D'abord Carlos Sainz, en Qualifications, qui termine sa course dans le mur, l'obligeant à partir bien plus loin que prévu pour le Sprint. Heureusement pour lui, le format lui aura permis de remonter à la P4 pour le Grand-Prix. Un Grand--Prix qui s'est d'ailleurs terminé presque aussi vite que celui d'Australie, quand l'Espagnol vient à se tanker dans le bac à graviers à cause d'un contact causé par Daniel Ricciardo.
Pour Charles Leclerc, c'est un peu l'inverse. Une bonne position à l'issue de la séance du Vendredi, un excellent départ pour le Sprint, et une fin de course un peu difficile qui lui coûte la première place. Mais rien de grave. Le lendemain, c'est un mauvais départ, une course poursuite derrière les deux Red Bull tout le long de l'épreuve, jusqu'à trop en faire et partir à la faute. Heureusement pour lui, pour son équipe, et pour les Tifosis présents, son contact avec le mur est léger, et un changement d'aileron avant lui suffit à rester dans la course. Mais c'est une erreur bête, qui lui coûte cher mathématiquement parlant, dans un weekend où, à défaut de faire un premier break, il aurait pu limiter les pertes. Échec total.
Dans toute cette agitation rouge, deux pilotes ont magiquement tiré leurs épingles du jeu. Le premier, c'est celui qui termine troisième, et c'est Lando Norris. Un weekend de très haute volée pour le Britannique qui profite bien évidemment des conditions météo, et des aléas de course. Mais force est de constater qu'il a le mérite d'être là, et de prendre un podium inespéré pour une équipe qui se demande toujours comment elle arrive à faire fonctionner sa voiture.
Idem pour George Russell, qui termine au pied du podium, lui aussi en profitant des incidents de course. On peut tout de même lui accorder un superbe départ, qui le met dans une bonne position pour le reste de l'épreuve. Il aura finalement été dans le bon paquet lors de la salve des arrêts aux stands, et n'aura pas souffert des trains de DRS. Un autre résultat bien heureux pour une équipe qui n'était définitivement pas dans le coup ce weekend.
Et ce ne sont pas leurs coéquipiers qui vont dire le contraire, à l'image d'un Daniel Ricciardo très rapidement transformé en laboratoire ambulant pour son coéquipier, et d'un Lewis Hamilton à la peine, coincé derrière un Pierre Gasly lui-même coincé derrière Alexander Albon. Des résultats drastiquement différents de ceux de leurs coéquipiers respectifs, qui ne nous permettent toujours pas de situer, à la régulière, les performances exactes de ces deux voitures.
Suivent dans les points : Valtteri Bottas, auteur d'une course très solide, Yuki Tsunoda, discret mais rapide et lui aussi efficace avec une voiture peu en forme, Kevin Magnussen qui perd un possible gros résultat après sa très bonne qualification.
Mais le plus surprenant, ce sont les deux Aston Martin qui terminent toutes les deux dans le top 10, Sebastian Vettel devançant Lance Stroll. Là aussi, comme tout du long ce weekend, c'est une grosse performance due aux conditions et aux aléas. Mais c'est excellent pour l'équipe britannique, qui s'assure au moins quelques points. Cela pourrait bien leur permettre d'éviter la dernière place au classement général, ou tout du moins de ne pas terminer avec un zéro pointé, qui avait été systématique pour les équipes de fond de grille ces dernières années. Une course sérieuse, appliquée, qui mérite d'être soulignée pour les deux pilotes.
Pas grand-chose de plus à rajouter sur les coéquipiers des pilotes cités un peu plus haut, tant la course a été fade et où les trains de DRS qui se sont formés ont empêché toute progression dans le field.
Un seul point négatif à attribuer à Mick Schumacher qui, lors de la course, a commis trop d'erreurs. Des erreurs en piste, des erreurs hors de la piste, qui lui auront d'ailleurs coûté un drapeau noir et blanc. Alors la comparaison est difficile avec Kevin Magnussen, mais elle est tout de même faite. Et à défaut de performer au même niveau que son coéquipier, l'Allemand devrait au moins se montrer sérieux et appliqué dans ce qu'il fait en course.
Et on va terminer ce Débrief avec un petit point Alpine, qui n'aura pas été à la fête non plus ce weekend. Dès le départ du Grand-Prix, Fernando Alonso est agrippé par Mick Schumacher (tiens donc), ce qui lui endommage un ponton et une partie du fond plat. Plus tard dans la course, ce même ponton s'envole et se désintègre en l'air, forçant l'Espagnol à rentrer aux stands.
Et ce n'est pas Esteban Ocon qui a rattrapé le coup... Non pas par sa faute, mais bien à cause de son équipe, et d'un enchaînement incompréhensible au moment des arrêts. Le Français n'est pas appelé à son stand en avance, alors que c'était possible, et probablement pertinent, il est appelé en même temps que l'ensemble du peloton, ce qui provoque un unsafe release d'Alpine, qui prendra une pénalité de 5 secondes ensuite. Esteban Ocon se retrouve ensuite enfermé dans un peloton impossible à remonter, et Alpine s'en va d'Imola avec zéro point dans la besace.
En bref.
Qualifications – Pole position de M. Verstappen.
| C. Leclerc P2, P. Gasly P17, E. Ocon P19.
Sprint – Victoire de M. Verstappen, suivi de C. Leclerc et de S. Pérez.
| E. Ocon P16, P. Gasly P17.
Grand-Prix – Victoire de M. Verstappen, suivi de S. Pérez et de L. Norris.
| C. Leclerc P6, P. Gasly P12, E. Ocon P14.
+ Des résultats intéressants, surprenants, avec des points pour Aston Martin notamment.
+ Lando Norris et George Russell, impressionnant pour sortir deux performances inattendues.
+ Un Sprint regardable, agréable, le meilleur élément du weekend même...
– ... mais toujours aussi peu pertinent sportivement et pour le spectacle du Grand-Prix.
– Une prestation à complètement oublier pour les deux pilotes de la Scuderia Ferrari.
– Imola, inadapté aux monoplaces actuelles, qui est la source d'une longue procession.
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