Débrief : Arabie Saoudite 2022.
C'est la deuxième fois que la Formule 1 venait à Jeddah, et c'est la deuxième fois que le fait marquant du weekend est extra-sportif. Le fait que la sécurité soit un problème récurrent ici, quelle qu'en soit la forme, devrait inciter la FIA à se poser les bonnes questions. Oui, le tracé est intéressant et plaît aux pilotes. Oui, le cadre est atypique et très beau pour les télévisions. Oui, il y a beaucoup d'argent à la clé. Mais non, la sécurité n'est pas assurée. Loin de là. Et nous en avons malheureusement eu encore plusieurs exemples ce weekend.
En piste tout d'abord, avec un pilote de Formule 2, Cem Bolukbasi, qui n'aura bouclé que quelques tours en Essais Libres avant de terminer son Vendredi à l'hôpital. Le lendemain, c'était Mick Schumacher qui visitait les services médicaux saoudiens. Deux fois à cause d'accidents à très haute vitesse, dont la violence a été exacerbée par des murs en béton sur lesquels on relève un manque cruel de protection.
Côté commissaires on n'est pas en reste non plus, avec plusieurs miracles. Car aussi volontaires soient-ils, et aussi motivés soient-ils, ces commissaires manquent de formation, et surtout d'équipement. Mais ce problème-là est malheureusement trop présent en Formule 1, car finalement, peu de circuits équipent correctement leurs commissaires.
Mais que l'on soit tous d'accord, le plus gros soucis de sécurité de ce weekend, c'est la tenue du Grand-Prix dans une zone ciblée, depuis plusieurs jours, par des assauts militaires. Sans rentrer dans trop de politique, car ce n'est pas ici que vous apprendrez beaucoup de choses, et que FORMULA n'est pas destiné à ça non plus, il est inconcevable qu'un événement sportif, quel qu'il soit, se tienne dans une zone où la sécurité des acteurs n'est pas assurée. On ne parle pas de choix politiques, de valeurs, de messages, etc. On parle de la sécurité de toutes les personnes qui composent le cirque de la Formule 1, des pilotes aux commissaires, en passant par les mécaniciens, les techniciens, les ingénieurs, les journalistes, photographes, etc. En espérant que la FIA tirera des leçons de ce séjour pour, à l'avenir, s'éviter un tollé médiatique comme ce weekend.
Hormis tout ça, fort heureusement, rien de plus n'est à déplorer. Et dans toute cette agitation, un Grand-Prix de Formule 1 a eu lieu !
La tendance de Bahreïn semble se confirmer : après une année éprouvante à vivre le duel Hamilton / Verstappen, on s'apprête à vivre une année tout aussi éprouvante, animée par le duel Leclerc / Verstappen. « On refait le match » dirait Eugène Saccomano s'il commentait la Formule 1, car pendant trois tours, Charles et Max auront rejoué leur bataille de Bahreïn. À une petite différence près, le nom du vainqueur.
Car cette fois-ci, c'est Max Verstappen qui s'est imposé. Le Hollandais aura profité d'une monoplace surpuissante qui ne laissait aucune chance à Charles Leclerc en ligne droite. Les incidents de course auront également été en son sens, avec une Virtual Safety Car bien heureuse, qui lui a permis de recoller au Monégasque, puis un drapeau jaune dans les dernières boucles qui lui aura évité une défense en bout de ligne droite. Mais plus globalement, Super Max aura fait le travail, largement même, ce qui lui permet de lancer sa saison sur une bien meilleure note qu'un abandon.
Charles Leclerc termine donc deuxième, ce qui est tout sauf un mauvais résultat. Car même si la victoire semblait lui tendre les bras, c'est le championnat qu'il faut regarder. Et sur ce tableau-là, il marque de très gros points, et assoit sa place de leader au classement des pilotes. En deux épreuves, ce sont deux premières lignes et deux podiums. On peut difficilement faire mieux. S'il garde ce rythme, et que la Scuderia lui met à disposition une voiture performante tout au long de l'année, Charles Leclerc sera à attendre sur la plus haute marche...
Mais plus que jamais, ces deux leaders devront compter sur leurs lieutenants respectifs qui, ce weekend, étaient un peu en retrait en course. Pourtant, Samedi soir, on imaginait que ce Grand-Prix d'Arabie Saoudite était pour eux ! Sergio Pérez était en pole position, la première de sa carrière, et Carlos Sainz se coller tout proche de son coéquipier, devant Max Verstappen. Le Mexicain maitrisait sa course avant l'accident de Latifi qui lui coûte très cher, puisqu'il offre un arrêt gratuit à quasiment tout le monde. L'Espagnol quant à lui a perdu du rythme dans le dernier tiers de la course, laissant les deux leaders s'échapper. Ils terminent respectivement P4 et P3, et nous assurent eux aussi que la bataille sera rude pour le titre constructeur également.
Derrière tout ce beau monde, en retrouve la Mercedes de George Russell. Une P5 très solide pour le Britannique tant Brackley semblait souffrir à Jeddah. La voiture marsouine encore beaucoup, le nouvel aileron arrière apporté ne semble pas résoudre énormément de soucis, et le moteur s'avère être bien moins puissant que les autres sur la grille. Malgré tout, Georgie Boy parvient à placer sa monoplace là où on l'attend, c'est-à-dire en tampon entre le haut du panier et les autres.
Ce qui ne fut pas le cas (du tout) de son coéquipier Lewis Hamilton. Le septuple Champion du Monde aura énormément souffert, en échouant à sortir sa W13 de la Q1, puis en arrachant un seul petit point à l'issue de la course. Alors le résultat aurait dû être plus impressionnant, mais les faits de course et l'enchaînement d'abandon en fin d'épreuve lui auront ruiné une stratégie pourtant menée à la quasi-perfection.
Esteban Ocon suit, avec une course pour le moins... mouvementée. Le Français aura été dans la lumière des projecteurs de Jeddah pour des défenses (et des attaques) musclées, dont la majorité a été menée sur son propre coéquipier. Une situation cocasse dira-t-on, qu'Alpine n'aura pas examiné avant plusieurs tours. Le mal était déjà plus ou moins fait, car deux voitures avaient recollé le petit train rose. Mais à la fin Esteban s'en sort à merveille, et marque de bons points. Il prend également une (toute) petite revanche sur l'année précédente, en doublant sur la ligne d'arrivée.
Et c'est Lando Norris qui a été victime de cette manœuvre au dernier virage. Mais je pense que lui et son équipe s'en remettront, tant les voir marquer des points après la débâcle de Bahreïn semble être un exploit. Espérons que ça n'en est pas un, et que la McLaren pourra se mêler à la lutte dans le midfield, car Dieu sait qu'il y en a de la lutte...
Ce ne sont ni Gasly, ni Magnussen, respectivement P8 et P9, qui diront le contraire. Encore deux belles prestations de la part des deux pilotes qui limitent la casse pour leurs équipes respectives. Car ce weekend, ils étaient tous les deux seuls, leurs coéquipiers étant absents de la grille de départ. Chez AlphaTauri, Yuki Tsunoda n'a pas pu l'atteindre à cause de son moteur qui le lâchait dans son tour de sortie des stands. Chez Haas, Mick Schumacher n'a même pas pu sortir des stands, suite à son accident de la veille.
Hors des points, on retrouve Guanyu Zhou, qui a commis une erreur en piste, lui offrant cinq secondes de pénalité, puis son équipe aura commis une erreur également lorsqu'il purgeait sa pénalité, le faisait écoper d'un Drive Through.
Pour les deux Aston Martin, le rythme n'était pas là. Pas de regrets pour Nico Hülkenberg qui devrait rendre son baquet à Sebastian Vettel pour la prochaine manche en Australie, ni pour Lance Stroll qui s'est fait accrocher en fin de course par Alexander Albon. Le Thaïlandais était lui aussi hors du coup, tout comme son coéquipier Nocholas Latifi.
Puis pour terminer avec le bas de la feuille des temps, on va citer Valtteri Bottas, Fernando Alonso et Daniel Ricciardo, qui auront tous les trois abandonné dans le même tour, pour des problèmes de fiabilité. Le premier est bien gentiment rentré aux stands quand les deux autres se sont arrêtés à l'entrée des boxs, causant une VSC et la fermeture temporaire de la voix des stands.
En bref.
Qualifications – Pole position de S. Pérez.
| C. Leclerc P2, E. Ocon P5, P. Gasly P9.
Grand-Prix – Victoire de M. Verstappen, suivi de C. Leclerc et de C. Sainz.
| E. Ocon P6, P. Gasly P8.
+ La lutte Leclerc / Verstappen qui semble se confirmer. Que ça donne envie... On a hâte !
+ Lando Norris et McLaren qui marque des points.
+ Une nouvelle preuve que les voitures peuvent se suivre. Cela amène des batailles plus longues, le souci étant maintenant l'état des pneumatiques après quelques attaques.
– Les trop gros soucis de sécurité rencontrés tout au long du weekend, que ce soit en piste, chez les commissaires, ou dans l'extra-sportif...
– La fiabilité des monoplaces qui semble être un véritable souci en ce début de nouvelle ère.
– Le moteur Mercedes qui dégringole dans la hiérarchie, et qui entraîne avec lui ses clients.
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