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  • P.W.

Les femmes en Formule 1.


FORMULA.
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Dans deux semaines, c’est le retour des W Series ! Ce championnat exclusivement réservé aux pilotes féminines est l’une des initiatives lancées pour enfin amener une femme en Formule 1, le Graal du sport automobile. Beaucoup des fans de F1 actuels, notamment la jeune génération, n’ont vu que des hommes s’aligner sur des Grands Prix, alors que le sport automobile est l’un des (très rares) sports mixtes. Pourquoi cette anomalie ? Des femmes ont déjà été en F1 par le passé, mais quelle trace ont-elles laissé ? Et à l’avenir, comment ramener les femmes au pinacle du sport automobile ? Quels sont les espoirs à avoir ?

Retour sur la relation entre les femmes et la F1.



Ladies and gentlemen, a short view back to the past...

Les femmes ont toujours fait partie du sport automobile, et ont même été présentes avant la Formule 1. Si si ! Avant 1950, on avait déjà des femmes présentes en sport automobile. Dans l’entre-deux-guerres, la Française Simone Louise des Forest (la fameuse Simone de l’expression « En voiture, Simone ! ») fut l’une des premières Françaises à avoir son permis de conduire ! Elle s’est ensuite engagée dans de nombreuses compétitions automobiles, notamment en rallye. Je vous vois venir, mauvaises langues : « femme au volant... », et bien détrompez-vous : notre chère Simone n’a eu aucun accident durant sa longue carrière. Elle fut admirée par ses pairs, dont notamment un certain… Juan Manuel Fangio. Rien que ça. Bon, ça pose les bases. Le sport auto et les femmes, ça commence depuis un sacré bon bout de temps. Et la F1 ? Le championnat du monde de Formule 1 a accueilli cinq femmes, dont deux ont pu se qualifier pour un Grand Prix : Maria Teresa de Filippis et la célèbre Lella Lombardi, qui a su arracher un demi-point au terme d’une course interrompue avant son terme, au Grand-Prix d’Espagne 1975. Ces deux-là sont plutôt connues, je ne m’y attarderai donc pas. Parlons plutôt de Désiré Wilson, unique femme à avoir remporté une course de Formule 1. Oui, vous avez bien lu, une femme a gagné une course de Formule 1. Une course du championnat de Grande-Bretagne de F1 (Aurora AFX Series), à Brands Hatch en 1980, sur une Wolf WR4 Cosworth. Une victoire nullement due à la chance, où elle domina l’épreuve de la tête et des épaules avec plus de quinze secondes d’avance sur la concurrence, composée entre autres, d’Eliseo Salazar, Giacomo Agostini, Geoff Lees ou encore Emilio de Villota.


Plus récemment, certaines femmes sont passées toutes proches d’un volant en F1. Maria de Villota faillit remplacer Timo Glock pour Marussia au Grand-Prix d’Europe 2012. Le pilote allemand était malade et avait déclaré forfait juste après les Qualifications. De Villota était prête à sauter dans la voiture pour son premier Grand Prix. Mais... la FIA n’autorise pas qu’un/une pilote soit au départ s’il/elle n’a pas participé aux Qualifications. Quelques jours plus tard, elle était la victime dramatique d’un accident en essais qui lui enlèvera la vie un an plus tard… On a ensuite bien eu Susie Wolff (chez Williams) et Simona de Silvestro (chez Sauber), pilotes d’essais et de développement au milieu des années 2010, mais elles n’ont jamais pu vraiment s’approcher d’un volant de titulaire.



Et maintenant ?

Soyons réalistes, à court terme, une femme n’arrivera pas en Formule 1. Par manque d’opportunités et de soutien principalement. Les rares femmes proches de la F1 (Tatiana Calderón, en F2 en 2019, et Sophia Flörsch, en F3 en 2020), n’ont ni marqué de points, ni marqué les esprits. Ces deux-là semblent d’ailleurs se diriger vers l’endurance, où elles semblent plus compétitives qu’en monoplace. Ainsi, les femmes réussissent en endurance ou aux USA, alors pourquoi pas en Formule 1 ? Et qu’on ne me parle pas de force physique : l’IndyCar n’a pas de direction assistée (au contraire de la F1) et y a vu des femmes triompher (Sarah Fisher, Danica Patrick, etc.), tandis que le WRC, à l’époque des voitures de rallye les plus puissantes (le célèbre « groupe B » au milieu des années 80) fût le lieu des exploits de la légende Michèle Mouton, vice-championne du monde avec plusieurs victoires. La Formule 1, elle, est certes physique, mais ne représente certainement plus un obstacle qui empêcherait à des femmes d’y rouler et d’y gagner (notamment avec toutes les aides électroniques). Alors pourquoi les femmes sont-elles aussi absentes des grilles de départ ? Comment créer les opportunités ? Plusieurs initiatives ont été lancées ces dernières années pour trouver une solution, et ce, dès le début de carrière.


La principale, évidemment, les W Series. Un championnat de F3 régionale (entre F3 et F4), qui offre une bourse conséquente à la championne pour l’aider à poursuivre sa carrière, ainsi que 15 points de Superlicence. Si le fait de séparer les femmes des hommes pour les aider à aller en Formule 1 peut paraître étrange, ce championnat est une formule de promotion, et permet seulement à des pilotes féminines de se démarquer des autres, pour ensuite justement grimper vers la F3 notamment, où elles se mesureront d’égal à égal avec les autres.

Créé en 2019, ce championnat n’a qu’une saison d’existence, la saison 2020 ayant été annulée à cause de la crise sanitaire. Pour cette saison 2021, le championnat bénéficiera d’une meilleure visibilité qu’auparavant, en se produisant en marge des Grand-Prix de Formule 1 sur huit weekends, dont le premier dans deux semaines en Styrie.

En 2019, au terme d’une lutte pour le championnat assez mouvementée, c’est la Britannique Jamie Chadwick qui s’était imposée. Ce titre en W Series venait quelques mois après son succès en MRF Challenge en Inde, face à des hommes comme Patrik Pasma, Jack Doohan ou Andreas Estner, des noms bien connus au niveau Formule 3. La jeune femme de 21 ans incarnait logiquement l’espoir féminin n°1 en 2020, en rejoignant Williams Racing comme pilote de développement. En début d’année, elle terminait même 4e de F3 asiatique devant Pietro Fittipaldi notamment. Puis arrive l’été 2020. En Formule Régionale avec Prema, l’équipe ultra-dominatrice, elle est en queue de peloton quand ses trois coéquipiers se battent pour le titre. Une catastrophe. Qui a fait mal à sa carrière, mais aussi aux W Series. Ce championnat a perdu en crédibilité : voir sa championne 2019, dans la meilleure équipe d’un championnat, à 1,5 secondes de ses coéquipiers, c’est dur...


La saison 2021 devra redorer le blason des W Series, pour trouver une nouvelle championne qui saura continuer sa progression en FIA F3 avec succès dans les années suivantes. Concernant cette saison 2021 des W Series, je profiterai de la Pré-Grille Junior du Jeudi 24 Juin pour faire une plus ample présentation de nos ambitieuses pilotes.


Les W Series sont donc l’initiative la plus médiatisée, mais d’autres programmes ont vu le jour comme le FIA Girls on Track, co-organisé par la Ferrari Driver Academy et la FIA. Depuis 2021, la FRECA dont je vous parle si souvent, offre aussi la possibilité aux équipes d’aligner une 4e voiture réservée à une pilote féminine. Tant de programmes qui coïncident avec la multiplication depuis deux ou trois ans du nombre de femmes dans les formules de promotion européennes.


Mais il ne faut pas se voiler la face : il existe un problème plus profond, souligné par Emma Kimiläinen, pilote de W Series. En 2010, elle reçut une proposition en Indy Lights (antichambre de l’IndyCar) : parfait, rien de tel pour lancer sa carrière internationale ! L’inconvénient ? L’équipe voulait qu’elle participe à des publicités sexy, mettant plutôt en avant sa beauté que son coup de volant. Elle refusa l’offre et dut mettre un terme à sa carrière pendant cinq longues années. Cet exemple démontre bien que les femmes sont encore trop considérées en tant qu'atout marketing, et la fameuse Carmen Jordà en était la preuve : la pilote de développement Lotus F1 fut très médiatisée, plus en tant que mannequin qu’en tant que pilote, et a contribué à ancrer cette image de femme uniquement présente dans le monde de la F1 pour son physique avantageux.


Mais j’ai envie de croire que tous les programmes créés pour soutenir les femmes en F1 vont finir par porter leurs fruits. De plus en plus de petites filles entendront parler de ces pilotes femmes qui se battent contre tous les hommes, à armes égales. Des vocations vont se créer. De plus en plus de petites filles commenceront le karting, iront en monoplace, etc. Certaines échoueront à faire carrière, beaucoup même, comme beaucoup d’hommes aussi malheureusement. Mais quelques rares élues auront énormément de talent. La Japonaise Juju Noda, engagée en F4 danoise en fait-elle partie ? Où l’Émiratie Hamda Al Qubaisi, sur le podium en F4 italienne le weekend dernier ? C’est sûrement trop tôt pour le savoir. À force de persévérance et d’efforts dans une lutte loin d’être gagnée, une femme combinant talent, soutien financier, et chance (il en faut) pourrait un jour atteindre la Formule 1 et se battre au sommet. Ça fait rêver.

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