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La légende du Grand-Prix de Pau.


FORMULA.
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Sur FORMULA, vous commencez à nous connaître, et à savoir que l'on a une relation toute particulière avec Pau et son tracé mythique. Enfin, surtout moi... Voilà ; le site est basé à Pau, cela fait maintenant près de 15 ans que je vais au Grand-Prix, et en bon passionnés de sport automobile que sont Thomas et Percy, eux aussi reconnaissent la légende de ce tracé.


Vous l'aurez donc compris, toutes les raisons sont bonnes pour que l'on parle du Grand-Prix de Pau. Mais ce weekend l'est d'autant plus, puisqu'il est positionné pile entre les deux phases de cette édition 2022 du récemment rebaptisé Pau Motors Festival. La semaine dernière, c'est l'épreuve moderne qui prenait possession des rues de la ville, et le weekend prochain ce sera son pendant historique. Pour nous, c'est l'occasion rêvée, entre deux Grand-Prix, de revenir sur tout ce qui fait le mythe de Pau, en quatorze points.


Et autant vous dire qu'avec une histoire qui s'étale sur trois siècles, il y aurait de quoi en faire un livre... Je me suis restreint... Ainsi, on ne parlera (presque) que du Grand-Prix de Pau en lui-même, et (presque) que de monoplace. Enfin bon, j'ai quand même débordé un peu, et combiné plusieurs anecdotes sous un seul et même point... Nan mais il y en avait vraiment beaucoup aussi...



Bref, ceci étant dit, mesdames et messieurs, je vous propose de (re)plonger avec moi dans la légende du Grand-Prix de Pau.



Un tracé de légende.

Le circuit de Pau-Ville est assez souvent surnommé le « Petit Monaco ». Et ce n'est pas anodin. En effet, outre la nature urbaine des deux tracés, de nombreuses similitudes peuvent être notifiées. Ainsi, Pau, comme Monaco, comprend une montée qui dirige les pilotes vers un (ancien) casino (puisqu'il a déménagé il y a peu). Les deux tracés comportent une épingle très lente, très serrée, à l'angle de braquage si unique qu'il doit être pris en compte spécifiquement dans les réglages des monoplaces. Enfin, les deux villes, situées dans le Sud, offrent aux spectateurs deux parties distinctes : une haute et une basse.



À l'heure actuelle, Pau reste le seul circuit urbain de France à accueillir des épreuves modernes. Pendant quelques années, il était accompagné de Paris, accueillant la Formule-E, mais depuis son retrait du calendrier, cette spécificité revient uniquement à la cité royale.



Long de 2.760 kilomètres, le circuit de Pau est le troisième le plus court au monde à accueillir des compétitions internationales. Il est devancé par le circuit Trois-Rivières au Canada (2.430 km) et par le Norisring en Allemagne (2.300 km). Un petit tour donc, qu'Andrea Montermini a réussi à boucler en 1:08.600 à bord de sa Formule 3000 en 1992. C'est, toujours aujourd'hui, le record du tour.


Pau a aussi la particularité de comporter deux grilles de départs en une. Ainsi, sur la ligne droite de départ/arrivée, une grille est positionnée à droite de la piste, l'autre est positionnée à gauche. Les vestiges d'un temps ou les voitures étaient rangées en quinconce avant les départs.


Autre vestige, son dessin, inchangé depuis 1935. Une première ébauche très proche de la version actuelle a été instaurée en 1933, avant d'être donc modifiée deux années après. Bien que des projets aient été menés pour agrandir le tracé, notamment en 2003, rien n'a finalement été concrétisé. Et heureusement...


Comme à Macao, une partie du circuit est systématiquement sous drapeau jaune au départ. Dans le Béarn, c'est la section entre le Pont Oscar et l'épingle du Lycée qui subit ce régime, instauré par la direction de course pour éviter des empilements et accidents dangereux trop récurrents.



Berceau des Grand-Prix et de la Formule 1.

Pau est le berceau de bon nombre de choses devenues indissociables du sport automobile. Par exemple, saviez-vous que le tout premier Grand-Prix de toute l'Histoire des sports mécaniques avait eu lieu dans le Béarn ? C'est en 1901 qu'une épreuve, qui reliait alors plusieurs grandes villes du Sud-Ouest, est baptisée Grand-Prix. Un Grand-Prix, dans le Sud-Ouest, réfléchissons... Le Grand-Prix du Sud-Ouest ! Ce n'est qu'en 1933 que l'épreuve est intitulée Grand-Prix de Pau, se déroulant alors uniquement dans la cité royale, sur un tracé très similaire à celui de nos jours. Le dessin que l'on connaît date lui de 1935, et reste inchangé depuis.


Et pour information, la dénomination « Grand-Prix » est empruntée au monde hippique. Elle est depuis devenue on ne peut plus courant dans notre langage de passionné, surtout en ce qui concerne la Formule 1.



Et c'est une parfaite transition d'ailleurs pour continuer sur les naissances, puisque c'est à Pau que la toute première course de Formule 1 a eu lieu. Un mois avant que la première manche officielle se déroule à Silverstone, tout le cirque de la Formule 1 lançait sa saison en France. L'anecdote est très souvent oubliée, par les instances de la Formule 1 elles-mêmes, car l'épreuve était alors hors championnat.


Malgré l'accueil à huit reprises de la catégorie reine, entre 1950 et 1963, aucune manche officielle n'a eu lieu en Béarn.


Une terre de monoplace.

On l'a déjà dit de Nogaro, mais Pau a une relation encore plus spéciale avec la monoplace. Pour preuve, depuis 1933 et le tout premier Grand-Prix de Pau, la monoplace n'aura pas été la catégorie support de l'épreuve à seulement trois petites reprises, au profit du WTCC en 2007, 2008 et 2009. Même cette année, avec le retour du WTCR, c'est l'Euroformula Open qui servait d'étendard au Grand-Prix.



En très exactement 79 éditions, le circuit en aura vu passer des voitures et des pilotes. Pour être exact, 11 catégories de monoplace ont roulé à Pau, dans le cadre du Grand-Prix, et dans les courses support. On peut répertorier la Formule 1, que l'on a déjà abordée, la Formule 2, la Formule 3, la Formule Renault, la Formule Renault Campus ensuite devenue la Formule 4, la Formule Ford, la Formule France, la Formule Junior, la Formule Bleue, l'International Formula Master, et la Racer 500.



À l'aise sur quatre, et sur deux roues.

En plus de toutes ces catégories de monoplaces, Pau aura accueilli de l'Endurance, du GT, et même de la moto. Eh oui, une épreuve de deux-roues en pleine ville. De 1947 à 1961, en support du Grand-Prix, 19 éditions auront accueilli des courses de side-cars, de 125cm³, de 175cm³, de 250cm³, de 350cm³, et même de 500cm³. Le Grand-Prix de France s'est d'ailleurs tenu à Pau en 1958.


Mais pourquoi est-ce que je vous parle de moto ? Tout simplement car certains pilotes qui se sont illustrés sur quatre roues l'ont également fait sur deux ! Le premier, Nello Pagani est double vainqueur du Grand-Prix de Pau (1947 et 1948) en Formule A, catégorie qui posait les bases de la Formule 1. Non satisfait de ne s'imposer que dans la catégorie reine en automobile, il décide de faire le saut dans la catégorie reine de la moto, et de s'imposer à Pau, en 1950. Il est le seul de l'Histoire du Grand-Prix a avoir décroché l'or dans les deux catégories.


Mais il n'est pas le seul célèbre pilote automobile à avoir gagné à moto, puisqu'un certain Jean-Pierre Beltoise à réalisé cette performance en 1963 et en 1964. Deux victoires en deux ans ? Non. Trois victoires en deux ans : en 250cm³ en 1963, puis en 125cm³ et en 175cm³ en 1964. Il n'aura cependant jamais réussi à gagner l'épreuve en voiture, échouant au mieux à la seconde place.


Un passage obligatoire pour les grands pilotes.

On vient de le voir, les noms célèbres à Pau, c'est tout sauf une rareté. En tout, 63 pilotes différents auront inscrit leur nom au palmarès de l'épreuve, parmi lesquels on retrouve des désormais Champion du Monde : Juan Manuel Fangio (1949 et 1950), Alberto Ascari (1952 et 1953), Jack Brabham (1960 et 1966), Jackie Stewart (1968), Jochen Rindt (1967, 1969 et 1970) et Lewis Hamilton (2005).


D'autres très grands noms se sont imposés dans le Béarn, pêle-mêle on peut noter : Maurice Trintignant (1958, 1959 et 1962), François Cevert (1973), Jacques Lafitte (1975), René Arnoux (1976 et 1977), Jean Alesi (1989), Juan Pablo Montoya (1997 et 1998) ou encore Romain Grosjean (2006).



Mais le véritable héros de Pau, c'est Jim Clark, recordman absolu du nombre de victoires à Pau, avec quatre trophées ; en 1961, 1963, 1964 et 1965. L'Écossais, qui remporte d'ailleurs sa première victoire en Grand-Prix sur les terres béarnaises, était sur la liste des engagés pour l'édition de 1968, à laquelle il était favori pour décrocher un cinquième sacre. Malheureusement le destin en aura voulu autrement, lui ôtant la vie quelques semaines avant, à Hockenheim, lors d'une course de Formule 2.


La météo, c'est une longue histoire...

Si vous avez découvert le Grand-Prix de Pau avec l'édition 2022, ne vous y méprenez pas : à Pau, il ne fait pas toujours aussi beau et chaud. Bien au contraire... Si la cité royale entretient une belle histoire d'amour avec la monoplace, c'est une romance idyllique qui la lie au temps de merde...


Pour preuve, les éditions de 2016, 2017, 2018 et 2019, toutes sous l'eau. En 2018, la pluie était telle que les organisateurs ont d'ailleurs dû écourter le Grand-Prix de moitié. Mais ce n'est pas la seule fois que des gouttes viennent jouer un mauvais tour à l'épreuve... En 1974, c'est toute la séance de qualifications qui est annulée, la grille de départ étant constituée des essais du Vendredi. En 1977, ce sont les patrons d'écuries qui demandent à la direction de course d'arrêter l'épreuve. Une requête qui ne sera acceptée que tardivement, quand un grand carambolage impliquant plusieurs voitures força leur décision.


Mais si vous vous dites que quelques gouttes ne font pas de mal, Pau en a encore sous la dent... En 2013, la météo est si exécrable qu'un arbre tombe sur la piste en pleine séance de roulage.


Vous en voulez encore ? Pas de soucis. Pour la toute première édition du Grand-Prix de Pau, les organisateurs décident que l'épreuve se tiendra au mois de Février, pour promouvoir la ville comme une destination pour les vacances hivernales. Stratégiquement, c'était parfait, puisque l'édition s'est déroulée sous une tempête de neige. Sportivement, c'était bien moins réussi, les pilotes n'y voyant que très peu...


Enfin, pour conclure cette montée en puissance, on se doit de parler de l'édition de 1987, qui a été perturbée par... une tornade. Oui, vous avez bien lu, une tornade. La nature s'est alors déchaînée sur le paddock, déracinant des arbres dont un terminera sa course sur des camions d'équipes. Le Grand-Prix est maintenu, et sera hôte d'une scène invraisemblable quand Michel Trollé, accidenté au départ, vient se réfugier dans son motorhome encore endommagé de la veille.


Grand-Prix de Pau 2013, la pire édition.

Comme je viens de vous le raconter, l'édition 2013 se déroule sous un temps on ne peut plus capricieux. Mais bien qu'actrice principale, la météo n'est pas la seule responsable du fiasco de ce 72e Grand-Prix de Pau.


Sportivement, rien n'allait non plus. Le Grand-Prix de Pau était couru en Formule Renault 2.0, les organisateurs n'ayant pas pu faire venir la Formule 3. Ainsi, seulement 13 pilotes sont conviés, dans une épreuve considérée hors championnat. Une affiche peu alléchante, même si l'on retrouvera des pilotes aujourd'hui reconnus, comme notamment Pierre Gasly. Les organisateurs décident donc d'annoncer la venue de deux monstres sacrés du sport automobile, deux Champions du Monde, à savoir Yvan Muller et Jacques Villeneuve. Le seul bémol est qu'aucun des deux ne sera présent lors du weekend...


Le 72e Grand-Prix de Pau est marqué par de très nombreux incidents que la direction de course peine à contrôler. Un laisser-aller complet qui vient trouver son apogée lorsque Pierre Gasly, alors promis au sacre, est injustement pénalisé. C'est Luca Ghiotto qui inscrit son nom au palmarès, dans un weekend qui n'aura accueilli que 17.000 personnes. On est bien loin des 40.000 personnes de 1950, et des 54.000 de cette année...


Un fiasco total qui forcera l'ASAC Basco-Béarnais, organisateur sportif de l'événement, à présenter des excuses publiques.



Quatre départs pour une course.

On reste sur des éditions chaotiques, avec celle de 1989. C'est alors la F3000 qui est reine à Pau, et qui s'apprête à relancer un nouvel âge d'or pour le Grand-Prix. Les pilotes, galvanisés à bloc, s'élancent pour le tour de chauffe. Un tour que Marco Apicella ne terminera pas, sa voiture souffrant d'une fuite d'huile. La piste est nettoyée, et une seconde procédure de départ est enclenchée. Cette fois-ci, tout se passe bien, et les voitures se positionnent sur la grille. Mais c'est maintenant au tour de Fabrizio Giovanardi d'avoir des soucis, puisque sa monoplace cale. Qu'à cela ne tienne, troisième procédure de départ. Cette fois-ci, c'est la bonne, les voitures sont prêtes, les feux s'éteignent, et... c'est l'accident. Plusieurs pilotes partent à la faute causant un important carambolage. Jamais deux sans trois... Sûrement lassée, la direction de course ordonne un quatrième départ sous drapeau jaune afin d'éviter tout incident.


Pour information, c'est un certain Jean Alesi qui s'imposera à Pau cette année-là...


Michel Vaillant, l'autre héros de Pau.

L'année 1989 est aussi synonyme du 52e numéro de la célèbre bande dessinée Michel Vaillant. Un ouvrage dont l'histoire prend place à Pau, lors du Grand-Prix de F3000 de 1988. Les événements y sont quelque peu modifiés à des fins scénaristiques, mais le gros y est.


D'ailleurs, pour le 75e anniversaire du Grand-Prix de Pau en 2016, le héros fictif était à l'honneur de l'événement. Les affiches reprenaient le style de Jean Graton, et une exposition autour de son univers est proposée aux visiteurs.


Pau et les jeux vidéo.

On va rester dans le fictif, et penser à nos lecteurs passionnés par l'Esport. Malgré une Histoire de plusieurs décennies, des éditions de légende, et l'accueil de catégories toutes plus prestigieuses les unes que les autres, le circuit du Grand-Prix de Pau n'est apparu officiellement que dans deux jeux vidéo : Race 07 (2007) et Race Pro (2009). Ironie de l'histoire, ces deux opus sont consacrés au WTCC, seule catégorie non-monoplace à avoir couru le Grand-Prix.


Les joueurs PC peuvent cependant arpenter les rues paloises grâce à des mods, présents sur Assetto Corsa, F1 Challenge, et même Fortnite. Ce dernier sur lequel, immense ironie encore une fois, le premier (et pour le moment seul) Grand-Prix de Pau Virtuel a été organisé cette année, en amont de l'épreuve, sous l'impulsion d'un jeune passionné local.



Les palois à Pau.

Superbe transition pour parler des locaux du Grand-Prix de Pau. Dans sa riche histoire, seuls quelques palois ont pris part au Grand-Prix, bien que de nombreux aient roulé dans les catégories annexes à l'événement.


Le premier, François Santé, est d'ailleurs le seul à avoir pris part au Grand-Prix de Pau en Formule 1. C'était en 1961, dans ce qui était alors sa première course dans la catégorie reine. Une première qui ne se déroule pas idéalement, puisqu'il est victime de problèmes mécaniques. En guise de consolation, il aura le privilège de voir Jack Brabham, déjà vainqueur, venir lui prêter main-forte pour réparer sa machine.


Le deuxième pilote palois à s'aligner sur la grille de départ du Grand-Prix est David Dussau. C'est en 1996, pour une course de F3000, qui lui aussi ne voit pas l'épreuve se dérouler comme il l'aurait souhaité. Le local de l'étape est contraint d'abandonner.


Enfin, dernier natif de la cité royale à avoir participé à son Grand-Prix local ; Lucas Lasserre en Coupe d'Europe de F3000 en 2000. Qualifié 11e, il terminera à la même position lors du Grand-Prix. Et pour la petite anecdote, durant cette saison, il portait le numéro 64, numéro du département des Pyrénées-Atlantiques dans lequel se situe Pau.


Deux Grand-Prix de Pau.

L'année 2000 est également celle qui fera émerger l'idée d'un événement pour rendre hommage à une déjà très belle épopée sportive. En effet, lors du 60e Grand-Prix de Pau, le premier du millénaire, d'anciennes Formule 2 ayant déjà foulé le bitume palois il y a de ça plusieurs décennies étaient de retour. À partir de l'année suivante, Pau ce n'est pas qu'un Grand-Prix moderne, puisque c'est aussi un Grand-Prix Historique, aujourd'hui rebaptisé Classic Grand Prix. L'édition 2022 verra d'ailleurs un jubilé organisé en la mémoire de Jim Clark. Un événement qui vaudra le coup d'œil.



Des éditions mémorables.

Bon, on a déjà présenté quelques éditions qui sont restées dans les mémoires pour de mauvaises raisons. Mais bien heureusement, le Grand-Prix de Pau, c'est aussi des éditions mémorables qui auront vu naître de grands champions. Parmi toutes ces courses qui ont fait la légende du Grand-Prix, on en a pioché quelques-unes...



En 1973, François Cevert inscrit son nom au déjà prestigieux palmarès de l'épreuve. Il est le premier Français à réussir cette performance depuis plus de 10 ans et un certain Maurice Trintignant. Il lancera d'ailleurs une série de cinq victoires tricolores consécutives.


Mais ce qui fait la particularité de cette victoire, c'est que François Cevert semblait être maudit à Pau ! C'est en 1969 qu'il pose pour la première fois les pieds dans le Béarn. Une première fois remarquée, puisqu'avec une modeste monoplace, il parvient à se hisser au cinquième rang. L'année suivante, c'est à la sixième place qu'il franchit la ligne, plusieurs tours après Jochen Rindt, vainqueur. Pas de doute, la troisième tentative sera la bonne : François Cevert est dans une meilleure voiture, et le public commence à grandement le soutenir. Mais c'était sans compter une casse moteur alors qu'il était en tête de l'épreuve.


En 1972, le plateau est immense, ce qui force les organisateurs à créer un format spécial, composé de deux demi-finales qualificatives pour le Grand-Prix. Pourtant parmi les pilotes attendus, Cevert abandonne et voit une nouvelle fois le Grand-Prix lui échapper. Il parviendra donc enfin à remporter la course en 1973, dans une année-charnière pour le Grand-Prix de Pau, autant sur le plan de la sécurité avec l'introduction des rails, que sur le plan sportif et financier avec l'arrivée d'Elf en soutient majeur.



Autre édition marquante, celle de 1974. Il pleut, mais le public rayonne à l'idée de voir Patrick Dépailler en première ligne. Rapidement, son adversaire principal, Hans Stuck, part à la faute, laissant le Français seul en tête. Grâce à un coup de volant parfait ce jour-là, à une mécanique parfaitement rodée, et à des pneus très efficaces sous la pluie, Patrick Dépailler va s'imposer assez aisément. Et c'est un euphémisme... Pourquoi ? Car il aura relégué à un tour toutes les autres monoplaces du plateau, y compris son poursuivant, Jacques Laffite. Une démonstration.



On fait un bond en avant, et on atterrit en 2006. Cette année-là, c'est encore un Français qui s'impose, un certain Romain Grosjean. Ce qui rend cette édition assez spéciale, c'est son vainqueur qui, jusqu'au dernier moment avant le lancement du weekend, n'était même pas sur la liste des engagés. Une arrivée plus que tardive sur la liste, qui ne l'empêche pas de dominer le weekend de la tête et des épaules, puisqu'il remportera toutes les courses de Formule 3. Une édition remplie d'émotion puisqu'il dédiera ses victoires à André Labarrère, ancien maire de Pau décédé deux mois auparavant, et immense acteur dans la légende du Grand-Prix, notamment en 1973.



Enfin, très récemment, je suis obligé de parler de l'édition de 2019 qui, encore à ce jour, reste la plus belle chose que le sport automobile m'ait offert. On est Dimanche après-midi, il a plu, et le ciel est encore très menaçant. Les pilotes s'élancent pour le tour de chauffe, tous en pneus slicks. Puis les premiers s'arrêtent sur la grille, et quelques voitures s'engouffrent dans les stands pour mettre des pneus pluies. Un pari risqué, mais qu'il faut tenter pour les voitures du fond de grille. Parmi ces pilotes, Billy Monger, pilote amputé de ses deux jambes à la suite d'un terrible accident quelques années plus tôt en Angleterre.


Le départ est lancé, les premiers tours se passent, et ce qui devait arriver arriva : la pluie tombe. Très rapidement, les voitures chaussées des gommes pluies sont sur les talons de celles en gommes slicks. Un arrêt serait synonyme de défaite. Il faut donc résister. Mais Billy Monger est rapide et audacieux, offrant quelques-unes des plus belles manœuvres que l'on ait vues à Pau depuis de nombreuses années. Il remonte jusqu'au troisième rang, et est par la même occasion très vite adoptée par la foule présente. Et puis arrive le tournant de la course, à 14 boucles de la fin, Liam Lawson tente une manœuvre désespérée sur Julian Hanses, alors en tête, ce qui envoie les deux monoplaces dans le mur.


Si vous avez suivi, vous avez compris ; Billy Monger est en tête du Grand-Prix de Pau. Une position de leader qu'il ne perdra plus, et qui l'emmènera décrocher la 78e édition de l'épreuve paloise. Les tribunes sont debout, les quelques Britanniques présents sont en larmes, voyant leur pilote s'imposer pour la première fois depuis son retour, et c'est tout un circuit qui se met à applaudir le héros du jour. Un tour d'honneur plein d'émotion, une communion entre Billy Monger, les commissaires, et le public. Le Britannique est depuis le premier, et pour l'instant le seul, pilote handicapé à s'être imposé au Grand-Prix de Pau.



Un devoir de mémoire.

J'avais envie de clôturer cette série sur deux derniers points, moins joyeux que ceux abordés précédemment, mais tout aussi important. En effet, on l'a vu, le Grand-Prix de Pau c'est une épreuve mythique, à l'Histoire folle, et aux anecdotes très nombreuses. Mais comme toute épreuve de course mécanique, le Grand-Prix de Pau ce sont aussi des risques. Malheureusement, deux coureurs auront perdu la vie en s'adonnant à leur passion sur ce circuit.


Le premier accident mortel arrive en 1955, année décidément noire pour le sport automobile. Mario Alborghetti, alors débutant en Formule 1 et à Pau, perd le contrôle de sa monoplace au bout de la ligne droite de départ/arrivée, et s'encastre violemment dans des palissades. Malgré l'arrivée des secours, l'Italien de 26 ans rendra son dernier soupir sur la civière des équipes médicales. Il est encore aujourd'hui le seul et unique décès en course automobile à Pau.


Le second décès est lui intervenu à la suite d'une chute en moto. Yves Dupont perdra la vie en pleine course lors de l'épreuve de 1969, ce qui précipitera la fin des motos dans les rues de Pau.



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L'objectif, avec ce long papier, était de vous offrir quelques éléments pour saisir l'importance du Grand-Prix de Pau dans l'Histoire du sport automobile. Alors oui, chez FORMULA, on force pour mettre en avant l'épreuve. Oui, tous les prétextes sont bons pour parler de Pau. Mais vous voyez bien que ce n'est pas totalement infondé... Ce circuit est un véritable joyau, dont le dessin, le cadre, et surtout l'Histoire, en font objectivement l'un des plus beaux de notre planète.


Et si je dois donner mon avis, c'est le plus beau. Mais ça n'engage que moi. Sachez juste que si vous ne partagez pas cette idée, vous avez tort. Enfin... C'est votre avis, vous avez le droit d'avoir tort... Bisous.


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