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P.W.

Derrière la visière de... Owen Tangavelou.


FORMULA.
FORMULA.

Cinquième de FFSA F4 l’an dernier, Owen Tangavelou, 17 ans, fait partie de cette nouvelle vague française qui déferle sur le paddock de FRECA (Championnat de Formule Régionale Europe par Alpine). Mais, au contraire de ses compatriotes, le français est arrivé bien tard dans le monde du sport automobile. Il n’a ainsi commencé le karting qu’en 2019, à l’âge de quatorze ans, quand ses rivaux cumulaient déjà des années et des titres sur la scène nationale et internationale.


Après avoir rattrapé une grande partie de son manque d’expérience grâce à deux saisons en 15 mois de Formule 4 en France, Owen Tangavelou passe à l’étape supérieure avec G4 Racing, 6e de la dernière saison de FRECA. Une saison d’ores et déjà décisive pour sa carrière, car, comme pour beaucoup de pilotes, une carrière ne tient souvent que grâce à l’aide de quelques bienveillants sponsors... Cette semaine, le pilote de G4 Racing participait aux essais officiels de présaison FRECA, sur le circuit du Castellet, où j’ai pu partir à sa rencontre.



Mesdames et Messieurs, nous vous proposons donc de passer avec nous, derrière la visière d'Owen Tangavelou.



Salut Owen, tout d’abord, commençons par les deux journées qui se sont écoulées. Comment se sont passés ces essais au Castellet de ton côté ?

C’est assez positif. J’avais déjà un peu roulé là-bas avec les essais hivernaux de fin d’année, et pour moi, j’ai bien corrigé mes défauts, donc je suis plutôt content. Au-delà du rythme, je me concentre à fond sur mon pilotage. Et le rythme sous la pluie aujourd’hui était pas mal aussi, c’était une découverte pour moi avec ces voitures. Mais j’ai souvent été bloqué durant mes tours. Sur ma dernière tentative, j’ai fait le meilleur premier secteur absolu, mais dans le secteur 3, j’ai été bloqué par le trafic. Le trafic sera l’un des plus gros enjeux du championnat, tout doit être géré au millimètre. C’est vraiment différent de la F4, il n’y avait pas besoin d’être aussi précis.



Après deux saisons de FFSA F4, tu passes en FRECA. Quels sont tes objectifs ?

Mes objectifs pour la saison, c’est d’être vraiment régulier, essayer de marquer des points, et surtout de finir toutes les courses pour engranger le maximum d’expérience. Au sein des weekends, le plus important restera les Qualifications. Il faudra être vraiment très précis. En un dixième, tu gagnes ou tu perds quatre ou cinq places, sinon plus. J’ai pu essayer le push-to-pass qui est introduit cette année, mais il n’a pas l’air d’apporter beaucoup de différence…


Tu as toujours été dans un environnement très français avec la FFSA Academy. Avec G4 Racing, c’est un environnement où ça parle anglais, espagnol... Ce changement n’est pas trop dur ?

J’essaye d’apprendre l’espagnol pour tout comprendre. Chez G4 Racing, il y a une super ambiance. Mon ingénieur (Hugo Franch NDLR.) est super gentil et m’aide beaucoup. Il y a une atmosphère agréable et sereine pour travailler. Ils sont sérieux et l’atmosphère est cool.



Tu seras rookie cette année, mais tu as déjà pu participer à trois meetings de Formule Régionale Asie (FRAC) chez Hitech GP cet hiver. Comment s’est passée cette découverte de ce nouveau niveau de compétition ?

Mon premier meeting qui était en fait le troisième meeting pour la majorité des pilotes consistait pour moi à découvrir la voiture et le circuit. Donc, le résultat n’était clairement pas fou. Mais il y a eu une bonne progression, et au troisième et dernier meeting, j’étais en lutte pour marquer quelques points, je jouais le top 10. Malheureusement, j’ai eu un souci mécanique au niveau de la batterie pendant les deux premières courses, et je me suis aussi un peu loupé sur une tentative de dépassement sur la dernière course, c’est dommage. Oliver Oakes (fondateur d’Hitech NDLR.) était très content de ma progression. De mon côté, j’ai énormément appris, il y avait beaucoup de nouvelles choses. Le niveau des pilotes était vraiment très, très bon. Moi qui ai toujours eu beaucoup de manque d’expérience dans ma carrière, ça va me faire beaucoup de bien pour la FRECA d’avoir cette expérience supplémentaire.



Justement, tu parles de ton manque d’expérience. Tu as commencé le karting extrêmement tard, comment s’est passée ton arrivée dans ce milieu ?

On avait très peu de budget. J’avais juste fait 3 séances de kart de location à 14 ans, et je m’étais dit « Il faut absolument que je continue à faire ça, j’adore ça ». Je suis passé en KFS en 2019. C'est une formule de promotion, et c’est la moins chère de France. Quand les pilotes disent qu’ils n’ont pas fait beaucoup de kart, ils parlent de kart de compétition, ils ont fait beaucoup de kart de location en parallèle. Moi, pas du tout. Je viens pas du tout de ce milieu, ma famille n’avait pas de contacts avec le sport auto. J’aimais bien la F1, les voitures, mais on n’avait même pas Canal+, on ne regardait pas tous les Grand-Prix.



Et après une seule année de karting, tu passes directement en monoplace. Pourquoi cette décision ?

J’étais supposé faire le championnat karting Junior de la FFSA Academy, la National Series of Karting et le Nationale en 2020. J’ai fait une course de Ligue de Bretagne/Pays de la Loire, où y avait un sacré niveau. J’avais quasiment zéro expérience comparé aux autres, et c’était ma première fois sous la pluie aussi. Au final, j’ai fait cinquième en me battant pour le podium jusqu’au bout, mais j’ai raté une action. Je n’avais pas assez d’expérience en matière de mental, je n’avais pas de coach, etc. Monsieur Ménard, responsable pédagogique, a vu ça et nous a dit « On va tester votre fils, si votre fils est éligible pour la F4, on le prendra en F4, sinon il fera le karting ». Du coup, je suis allé à Pau-Arnos pour deux jours de tests, et ils m’ont pris directement.



Tu as donc fait la saison 2020, mais qui était assez compliquée...

J’ai commencé les essais de F4 début août, et le championnat commençait fin août, j’avais que trois jours d’essais maximum avant la première course, en comptant les journées à Pau-Arnos, et je n’avais pas fait les tests avant la pandémie. Le début était pas mal, mais je n’avais pas assez d’expérience de course, j’avais un peu de mal avec les dépassements, j’ai raté ma 1re opportunité de podium sur un crash. C’est aussi des voitures beaucoup plus massives que des karts, c’est très différent. Je suis arrivé comme ça sur la première course, j’avais roulé avec personne autour de moi, car aux tests, j’étais tout seul. J’ai dû beaucoup travailler sur moi-même. J’étais déçu pour ma première année, car je n’ai pas pu montrer ce que je pouvais vraiment faire, je pense que je pouvais jouer dans le top 7, mais je n’avais clairement pas assez d’expérience.



Et en 2021, t’as pu corriger ça pour te battre devant. Tu es notamment à la lutte avec Masson et Capietto sur le début d’année mais tu enchaînes les soucis, quand en fin d’année, tu finis toutes les courses et tu engranges des gros points.

Premier meeting, premier podium à la première course donc j’étais content. Mais la suite a été plus compliquée, j’ai eu une crevaison à Nogaro puis un problème de direction à Magny-Cours. Mais après le Hungaroring, j’ai fini toutes les courses dans les points, c’était un point positif d’enfin trouver de la régularité. Mais en fin d’année, j’étais déçu, j’avais du mal à être dans le rythme, y avait un truc que je n’arrivais pas. Je visais la P3 au championnat, mais j’ai été déçu de finir seulement P5. J’ai eu du mal à rattraper ce manque d’expérience. Pour être franc, j’étais même soulagé de finir la saison 2021. Le potentiel était là, en termes de rythme, notamment en qualifs où je me battais avec Masson, Capietto, etc. Mais au final sur les résultats, ça n’apparait pas. Le top 5 avec une victoire et cinq podiums est un bon résultat, mais ce n’est pas vraiment ce que je cherchais.



Comme souvent dans les formules de promotion, on sait que tout rêve de pilote, c’est la F1, évidemment, est-ce que toi t’es ouvert à d’autres possibilités ?

J’adore la F1, mais je trouve que maintenant, c’est beaucoup, beaucoup d’argent, ce n’est pas forcément toujours réalisable. J’aimerais bien aussi faire l’IndyCar, parce qu’en Indy, tout le monde a la même voiture. Pour moi, les pilotes là-bas sont très sous-estimés par rapport à la Formule 1. Je trouve aussi que les circuits sont plus intéressants dans l’ensemble.



Donc l’an prochain, tu essaierais de monter directement en FIA F3 ? Ou de tenter ta chance aux États-Unis en Indy Lights par exemple ?

Je ne me projette pas trop, j’essaye de trouver du temps pour les cours, le travail musculaire à la salle de sport, les devoirs à l’école pour le CNED, les discussions avec les sponsors... S’il n’y a pas de nouveau sponsor qui arrive après cette saison, c’est mort. C’est fini, j’arrête tout et je retourne à l’école. Ma famille n’a pas beaucoup de contacts et pas beaucoup d’argent. Je vis seul avec mon frère et ma mère, donc c’est probablement ma dernière saison. Je vais tout donner cette année pour n’avoir aucun regret, pour montrer aux sponsors de quoi je suis capable. Si je trouve assez de budget pour la FIA F3, j’aimerais faire ça. Si j’ai un million d’euros par exemple, je préfère le dépenser sur de la F3 plutôt que sur de l’Indy Lights. Pour moi, c’est nécessaire de monter en FIA F3, c’est peut-être le step le plus important à faire dans une carrière, car après la F3 il y aura toujours quelque chose. J’aimerais monter le plus haut possible dans la pyramide de la F1, pour ensuite bifurquer pourquoi pas, vers l’IndyCar.


Propos recueillis en Mars 2022.

Article bouclé le 2 Avril 2022.


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