Derrière la visière de... Charles Milesi.
En seulement trois ans, il est passé de la Formule 4, à la Super Formula. C'est grâce à un talent certain, et un choix de carrière audacieux vers le pays du soleil levant qu'il s'est frayé une carrière au Japon, et s'est offert un baquet dans l'une des catégorie les plus rapide et les plus puissante du monde, où Pierre Gasly et Stoffel Vandoorne avait par exemple fais leurs armes avant d'atteindre la Formule 1. Très jeune dans le monde de la monoplace, il a tout de même un palmarès de karting remarquable, dont deux titres de vice-champion du monde en KFJ et en OKJ. C'est un jeune homme passionné et très impliqué dans ce qu'il fait qui a accepté de répondre à mes questions.
Mesdames et Messieurs, je vous propose donc de passer avec moi, derrière la visière de Charles Milesi.
Tu as commencé la monoplace par la F4 en 2017, et après être passé par la Formule Renault Eurocup, tu t'es tourné vers le Japon. Est-ce que tu peux nous parler de ton début de carrière et de ton ascension rapide ?
C'est vrai que la transition a été rapide. En fait, après mes saisons en F4 et en Formule Renault Eurocup, je me suis retrouvé avec un choix à faire : soit je continuais en Eurocup, soit je partais au Japon. Donc pour ne pas se fermer de portes, on a commencé à se préparer physiquement pour les Rookies Test en Super Formula. C'est un gros step quand même, les voitures sont largement plus puissante, donc il fallait être prêt. Surtout qu'on n'était pas certain d'aller en Super Formula l'année d'après, parce que les voitures changeaient. Donc on a réussi à décrocher un baquet en F3 Japonaise pour avoir une saison de transition, pour apprendre les circuits et les méthodes de travail du Japon. Du coup en 2019, direction la F3 Japonaise ! Mais la saison a été difficile, et on n'a pas pu montrer vraiment ce dont on était capable.. En fait, je me suis blessé et j'ai dû être opéré en Juin. Donc forcément mes performances étaient diminuées.. J'ai fait deux mois sans courses quand même.. Je suis revenu pour la course de Motegi, où on a réussi à finir 4e ! Puis après, on a eu d'autres soucis, mécaniques, qui nous ont handicapés.. Mais ça nous a quand même permit d'obtenir deux tests en Super Formula. C'était pas parfait, mais c'était quand même bon. Pour prendre un point de comparaison, on roulait dans les mêmes temps que Sacha Fenestraz (Champion de F3 Japonaise en 2019). Comme on ne savait pas encore si on roulerait en Super Formula ou pas, on a aussi fait des tests en LMP2, mais le contrat pour la saison 2020 a vite été signé.
Avec les événements actuels, et le Covid-19, comment est-ce qu'on prépare une saison comme ça ? (Les essais hivernaux ont été reportés et la première manche à Suzuka repoussée NDLR.) Qu'est-ce que ça change pour toi, et quels seront tes objectifs ?
Déjà, il faut savoir que les tests et la manche de Suzuka ne sont pas annulés, mais reportés. Après, c'est pas plus mal pour nous que ce soit décalé, ça nous laisse plus de temps pour se préparer. Après pour le roulage ça change rien. On roule très peu de base au Japon, et comme les séances sont justes repoussées, on perd rien.
Les objectifs seront surtout de se montrer. En course et en qualification. C'est sûr que si on fait un bon résultat au championnat, on sera content, mais on prendra les courses une par une.
Tu feras équipe avec Pietro Fittipaldi, pilote essayeur pour Haas F1 Team. Est-ce que ça change quelque chose pour toi d'avoir un coéquipier avec autant d'expérience en monoplace ?
C'est sûr que c'est un pilote très expérimenté, et que ça permet une très bonne comparaison, mais l'adversaire numéro 1 reste son coéquipier, il y a toujours cette rivalité. Étant donné qu'il a la même voiture, que tu connais ses réglages, sa stratégie etc, tu peux vraiment savoir où tu en es. Après ça change rien en soit, tu dois toujours finir devant !
Sur le long terme, quel est ton objectif ? Est-ce que tu penses à la Formule 1 ?
Pour le moment, l'objectif est vraiment de rester en Super Formula. On verra au fur et à mesure, mais l'objectif est vraiment de se maintenir sur la catégorie.
Sinon, sur le long terme, l'objectif est de devenir pilote professionnel. Bien sûr que la Formule 1 reste un rêve pour tous les pilotes, mais voilà, plus ça va plus on se dit qu'il y a autre chose, et que la Formule 1 c'est un monde à part, difficile à atteindre.
Le fait que ton équipe soit motorisée par Honda peut-il t'aider pour atteindre la Formule 1 ?
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'au Japon, le motoriste a le dernier mot sur le choix du pilote. Il y a des partenariats, entre les équipes et les motoristes, pour que l'écurie ne paye pas le moteur. Ça donne donc logiquement des droits aux motoristes. Par exemple, nous, Honda nous aide, et en contre partie, j'ai le logo sur le casque, la combinaison, etc. Donc oui, il y a un avantage à être bien vu par Honda. Mais je suis pas non plus pilote officiel Honda, donc je n'ai pas toute la visibilité ni toutes les aides que peut proposer le motoriste. Mais forcément, la visibilité que peut apporter Honda attire les sponsors et donc les constructeurs.
Propos recueillis en Mars 2020.
Article bouclé le 27 Mars 2020.