Derrière la visière de... Enzo Valente.
Il fait parti des nombreux talents qui n'exploseront pas à cause de la dure réalité du Sport Automobile. Pourquoi ? Car c'est un sport qui coûte cher. Très cher. Malgré les preuves de son talent, notamment grâce à l'obtention d'un volant Richard Mille et un titre de Champion de France de Kart, les finances auront eu raison de l'évolution de ce jeune garçon incroyablement terre-à-terre et réfléchi. Il aura tout de même pu montrer de quoi il été capable, en montant sur des podiums, et en gagnant. Malgré une poursuite d'étude dans l’ingénierie, il a accepté de libérer un peu de temps dans son emploi du temps scolaire pour se confier à FORMULA.
Mesdames et Messieurs, je vous propose donc de passer avec moi, derrière la visière d'Enzo Valente.
Cette année 2019 était ta première en F4. C'était difficile, tu as eu beaucoup de malchance, des soucis mécaniques, mais tu as quand même réussi à briller, à monter sur des podiums, et à gagner, à Pau. Est-ce que tu peux nous faire un bilan de cette première saison en monoplace ?
C'était une super expérience pour moi, puisque j'ai pu faire de la F4, ce qui n'aurait pas été possible sans l'aide de Richard Mille. J'ai été plutôt rapide sur les premières courses, j'étais à l'aise à Nogaro et à Pau, mais après ça s'est un peu détérioré. Alors évidemment, j'aurais aimé faire plus de podiums. Je pense que si on avait eu moins de malchance au niveau mécanique, comme par exemple à Budapest et à Magny-Cours, on aurait largement pu faire 3e au niveau du championnat, mais bon, c'est le sport automobile.
Tu as dû concilier Sport Automobile et École cette année, puisque tu passais ton BAC S, que tu as eu. Jongler entre les deux n'a-t-il pas été trop compliqué ?
C'était quand même super compliqué. J'ai quand même réussi puisque je suis actuellement en école d'ingénieur à l'INSA, mais c'était très compliqué. J'ai du manquer le BAC d'Espagnol pour aller à une course, j'ai loupé les essais à Spa parce que j'avais mon BAC de Maths, et après le weekend, j'avais mon examen de sciences d'ingénieurs, donc c'était vraiment ultra compliqué. Voilà, l'an dernier, j'ai eu 300h de cours manqués, dont je pense une centaine d'heures de maths, pour un BAC S, c'est très compliqué.. Mais j'ai réussi à me débrouiller.
Avec ton affiliation à Richard Mille, et à Art Grand Prix, les portes de la réussite semblent ouvertes. Ton objectif sur le long terme est donc la Formule 1, ou plutôt une autre discipline ?
Pour être très franc, ça ne m'a pas ouvert de portes. C'était plutôt une aide, puisqu'ils m'ont payé la saison, ce qui est déjà énorme. Je suis très reconnaissant, parce que sans eux, je n'aurais jamais fait de monoplace, donc rien que pour ça, je les remercie énormément.
Ensuite, tous ceux qui sont arrivés en Formule 1 ont eu énormément d'argent, et de mon côté, c'était juste impossible. Je vais me consacrer à mes études, puisque c'est grâce à ça que je pourrais vraiment gagner ma vie.
L'an prochain, Art arrive en Formule Renault Eurocup. Est-ce que tu sais si tu feras parti de l'équation ? Si non, est-ce que tu sais où tu seras l'an prochain ?
Je n'irai pas en Formule Renault Eurocup, parce que pour monter, il faut de l'argent. Beaucoup de gens l'ignorent, mais on a découvert avec mes parents qu'il faut énormément d'argent, tellement que même si on s'attendait à des chiffres, les sommes étaient bien trop importantes, et on est tombés de haut. Pour être plus précis, avant la F3, il faut dépenser près d'un million, 800.000€ pour être plus précis, et c'est juste pas possible. Même en ayant remporté le titre en F4, il aurait fallu encore payer, donc bon..
Est-ce qu'on a plus de pression que les autres quand on a une institution comme Richard Mille qui nous encadre ? Comment tu ressentais ça de ton côté ? Comment t'aident-ils ?
Je n'avais pas du tout de pression. En fait, je me donnais à 300%, et je travaillais de mon côté, autant physiquement que mentalement. Ils ne m'accompagnaient sur rien. La seule clause du contrat, c'était de me payer la saison. Je n'avais donc pas d'entraînement, pas avec eux. J'en ai eu 6, mais avec la FFSA Academy (organisation de la FFSA qui encadre le championnat de FFSA F4. NDLR.), et c'était les Vendredi. Je n'ai fait aucun essai, là où par exemple Hadrien David (champion de la saison 2019 de F4 FFSA. NDLR.) courait dans 3 championnats, faisait des tests, etc. Même les autres d'ailleurs, comptent entre 30 et 50 jours de tests, mais moi, j'en ai fait que 6, avec la FFSA Academy. C'est pour ça que je suis content de ma saison.
Propos recueillis en Octobre 2019.
Article bouclé le 18 Octobre 2019.