Débrief : Grande-Bretagne 2022.
Que dire de ce Grand-Prix..? Enfin, plutôt, par où commencer ? Cette édition 2022 du Grand-Prix de Grande-Bretagne est assurément l'une des courses de l'année, si ce n'est LA course de l'année, et elle restera longtemps dans les mémoires de tous les fans, pour de nombreuses raisons d'ailleurs. Mais le sentiment général à l'issue de cette épreuve, malgré ses hauts et ses bas, c'est que ce sport est magnifique, et que les acteurs qui animent notre passion sont de véritables héros.
Je suis obligé de commencer par le départ et par le moins « fun » de l'article. Comme en Formule 2 (nous en parlerons demain), le Halo a sauvé la vie de Guanyou Zhou. Un accident effroyable au départ impliquant près d'un tiers du peloton, mettant 4 voitures au tapis et en en abîmant sévèrement 3 autres.
Car ce qui part d'un simple incident de course (Gasly est pris en sandwich entre Zhou qui colle l'herbe d'un côté, et Russell qui ressert de l'autre) provoque un drapeau rouge immédiat et une longue interruption d'une heure. La faute donc à l'Alfa Romeo du pilote chinois qui se retourne, glisse à toute vitesse sur une longue distance, avant de partir en tonneau dans le gravier et de se loger entre les pneus et le grillage de sécurité. En conséquence de cet accrochage, Vettel percute Albon qui sautait sur les freins, Ocon ne parvient pas à éviter un Albon qui glisse en piste, idem pour Tsunoda.
Fort heureusement, les pilotes vont bien. Zhou est sorti du centre médical pendant la course et à été déclaré apte à reprendre la compétition, quand Albon a quant à lui été transféré à l'hôpital pour des examens supplémentaires à un bras. Selon les dernières déclarations de son équipe, il serait apte pour l'Autriche ce weekend.
Tout cet incident nous rappelle, d'entrée de jeu, la beauté de la Formule 1. D'une part, l'image poignante de Russell qui sort de sa voiture et qui se précipite vers celle de Zhou pour essayer de lui porter secours. D'autre part, les nombreuses images qui nous permettent de nous rendre compte que la sécurité en Formule 1, ce n'est pas du flan. On peut remercier le halo pour son rôle aujourd'hui, on peut remercier les grillages qui retiennent une voiture de 900kg lancée à pleine vitesse, et les structures des monoplaces qui permettent aux pilotes d'être relativement en sécurité dans leurs engins. Ce qui s'est passé aujourd'hui n'est pas un miracle, c'est la démonstration des évolutions de la FIA en matière de sécurité.
Bon, outre cet élément en début de Grand-Prix, l'autre grosse information du weekend, ce sont les premières fois de Carlos Sainz ! Une première pole position, et une première victoire ! Mais pour être très honnête, on va de suite contraster tout cela.
Sa pole position est belle et amplement méritée. Il a été le plus rapide, le plus agile sur une piste piégeuse, et aura réussi, enfin, à aligner bout à bout ses trois secteurs pour aller chercher la première place. Mais force est de constater que sans les aléas météorologiques, l'issue aurait sûrement été différente. Mais soit, cela fait partie du jeu, et on ne peut que le féliciter pour cela !
En revanche, sa victoire, bien qu'elle soit belle, très symbolique, et globalement appréciée de tout le monde, a un goût amer. Non pas pour lui qui a réussi à profiter des incidents de course et des batailles en piste pour se hisser sur la plus haute marche du podium, mais plutôt pour la Scuderia Ferrari elle-même qui n'a pas su faire de choix précis aujourd'hui, et qui, par on ne sait quelle magie, retombe sur ses pattes.
Je m'explique. Lors de la première partie de course, Sainz est devant Leclerc, le Monégasque étant plus rapide. En face, Verstappen était absent et Hamilton avait un très gros rythme (on en parlera après). Deux choix se présentaient à la Scuderia. Le premier était de laisser passer Leclerc pour ne pas perdre de temps sur Lewis Hamilton et pour aller chercher une victoire importante en vue du championnat, mais ce qui aurait continué à plonger Sainz dans une spirale négative. Le second choix était de laisser Charles Leclerc derrière Sainz pour permettre à l'Espagnol de rebooster son moral, de se sentir important et écouté au sein de son équipe, tout en prenant le risque de froisser Leclerc et de laisser la victoire à Hamilton.
Eh bien aucun de ces deux choix n'a été fait. Enfin si, disons plutôt que les deux ont été fait. Enfin... C'est Ferrari... Après un long moment à laisser Charles derrière Carlos, le muret des stands donne (enfin) la consigne pour que les pilotes échangent les positions. À ce moment-là, Leclerc est déjà agacé, et la consigne n'est pas bonne pour Sainz. Première erreur. Puis arrive une Safety Car. Sainz plonge aux stands quand Leclerc reste en piste sur ordre de son équipe. Sainz est donc deuxième, avec des pneus Soft neufs, quand Leclerc est premier avec des pneus Hard usés. Et la Scuderia demande à Sainz de laisser de l'avance à Leclerc, ce qu'il refuse. Deuxième erreur. La relance se fait, Sainz prend la tête, s'envole vers la victoire, Leclerc sort du podium. Troisième erreur.
Aujourd'hui la Scuderia Ferrari a montré, malheureusement une énième fois, qu'elle n'a pas les épaules, du moins pas encore, pour lutter pour un titre mondial. Car cette victoire a un terrible goût de défaite, et elle pourrait être l'élément déclencheur de la dégradation de la Scuderia...
Bon, voilà deux gros morceaux de passés ! Je vous rassure, le reste est plus concis et plus digeste. Et on va continuer l'ordre d'arrivée en parlant de Lewis Hamilton, et plus globalement de Mercedes.
Les Flèches d'Argent apportaient des améliorations ce weekend, et le moins que l'on puisse dire c'est que ce fut efficace ! Et aussi surprenant soit-il, cette monoplace était celle qui subissait le moins de rebonds dans les virages rapides ! Quand l'on sait que Silverstone c'est un enchainement de virages rapides, on se doute que la voiture avait quelque chose à jouer.
Et Lewis Hamilton nous aura fait croire à une victoire pendant très longtemps. Un rythme de course de folie, une gestion pneumatique extraordinaire, et, en fin de course, des manœuvres sublimes dont une bataille avec Charles Leclerc qui valait clairement son pesant d'or. Même s'il ne remporte pas la course, il termine sur le podium, et même si à chaud cela ressemblait à une déception, avec un peu de recul, Mercedes peut être très contente de ce résultat et de ce qu'il sous-entend.
Il aurait été intéressant de voir George Russell en piste, pour juger de ces améliorations sur une deuxième voiture, mais sa course s'est malheureusement arrêtée dès le premier virage, et en partie par sa faute. C'est dommage.
Autre gagnant de ce weekend, même si cela parait très paradoxal ; Max Verstappen. Le Néerlandais aura réussi à grandement limiter la casse alors que sa voiture, justement, était endommagée. On ne sait pas trop comment, sûrement au second départ en s'accrochant avec son coéquipier, puis, plus tard, en remassant des débris, mais toujours est-il que Verstappen s'en sort très bien avec sa P7. Seul véritable point noir : il a énormément perdu son calme ce weekend, au point de retomber dans ses travers des années précédentes, avec un pilotage assez sale, voire dangereux en fin de course...
Son coéquipier termine deuxième et permet donc à Red Bull se marquer de gros points tout de même. Un résultat très opportuniste pour Pérez qui ne semblait pas en mesure, à la régulière, de s'inviter sur le podium, mais qui a profité de la Safety Car pour se rapprocher de la tête de course et pour doubler ses concurrents.
Bon, on en parle de cette Safety Car, on va l'expliquer. Enfin c'est rapide, c'est simplement Esteban Ocon qui a été victime d'une panne mécanique. Sa monoplace s'arrête en pleine ligne droite, ce qui implique la sortie de ladite Safety Car. Pas de chance pour le Français quand son coéquipier réussit une plutôt bonne performance en Qualifications et en course, puisqu'il termine le Grand-Prix à la 5e position.
Derrière, on retrouve Lando Norris, très sérieux tout au long du weekend, qui aura réussi, tout en discrétion et en sagesse, à tirer suffisamment de performances dans sa voiture pour venir s'installer au 6e rang. Daniel Ricciardo est lui encore loin, hors des points, alors que seulement 14 voitures ont terminé...
On retrouve aussi dans ces points, l'Aston Martin de Sebastian Vettel (9e) qui brille à domicile, puisque la nouvelle usine de l'équipe sera littéralement voisine du circuit de Silverstone. Lance Stroll échoue quant à lui à la porte des points.
Et pour clôturer ce top 10, on retrouve les deux Haas, ce qui signifie de Mick Schumacher marque ses premiers points en Formule 1 ! L'écurie américaine aura réussi à profiter des incidents de course et d'un plutôt bon rythme pour hisser ses deux voitures dans le top 10. Un bon résultat pour une équipe qui risque de s'éloigner de plus en plus de cette zone comptable à cause de ses non-améliorations.
Enfin, pour conclure, on va aborder deux sujets. Le premier, c'est le sabordage d'AlphaTauri. Après le premier départ, celui qui implique un incident avec Yuki Tsunoda, l'équipe profite du drapeau rouge pour réparer la voiture et lui permettre de reprendre la piste. Au second départ, les deux voitures s'immiscent dans les points, jusqu'à une manœuvre de Tsunoda sur Gasly. Le Japonais perd l'arrière de sa voiture et emporte avec lui le Français. Résultat, les deux voitures sortent de la piste et repartent hors des points. Gasly abandonnera même plus tard dans la course. Une grosse déception pour l'équipe qui avait mieux à jouer.
Mais pour terminer sur une note positive, on va parler des Qualifications de Nicholas Latifi, puisque le pilote canadien s'est hissé en Q3 ! Une belle 10e place obtenue grâce à de la réussite en Q2 et à une pluie qui redoublait d'intensité, mais son tour et la stratégie de Williams pour cette session sont admirables ! Malheureusement il n'a pas réussi à concrétiser le lendemain en course, mais pour Williams cela reste très bien !
En bref.
Qualifications – Pole position de C. Sainz..
| C. Leclerc P3, P. Gasly P11, E. Ocon P15.
Grand-Prix – Victoire de C. Sainz, suivi de S. Pérez et de L. Hamilton.
| C. Leclerc P4, E. Ocon DNF, P. Gasly DNF.
+ Quelle course ! Quel circuit ! Quel weekend ! Merci la Formule 1, merci Silverstone.
+ Mercedes qui semble se rapprocher du duo de tête. On entrevoit enfin la lutte à trois...
+ La premier pole position et la première victoire de Carlos Sainz...
– ... qui ont paradoxalement du mal à bien raisonner au sein de la Scuderia Ferrari. Une nouvelle démonstration des nombreux soucis qui gangrènent cette équipe.
– Max Verstappen très agressif, trop agressif. On a retrouvé ce weekend Mad Max, on vous avoue préférer Super Max.
– L'intervention en piste de manifestants au premier tour. C'est bizarre à dire, mais heureusement qu'un drapeau rouge a été déclenché avant pour d'autres raisons, car je doute que des voitures qui vont à 300km/h et que des manifestants sur un circuit fassent bon mélange... Les événements auraient pu être tout autre...
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