Débrief : Espagne 2022.
Il est de coutume que la manche de Barcelone soit aussi intéressante que barbante. Souvent, les équipes apportent ici leurs premières évolutions majeures de la saison, ce qui nous offre des essais importants et une séance de Qualifications haletante, puis le dessin du circuit nous offre généralement un Grand-Prix idéal pour une bonne sieste. Jusqu'à hier aux environs de 15h00, le schéma emprunté était celui-ci.
Mais pour notre plus grand plaisir, un savoureux mélange est venu nous donner une course très intéressante. Prenez un circuit qui demande beaucoup d'efforts aux pneumatiques, ajoutez des chaleurs très élevées et beaucoup de vent, un soupçon de fiabilité due aux premiers pas d'une nouvelle réglementation, et cela vous offre un cocktail surprenant, des premiers tours de course jusqu'aux derniers.
Je me dois de commencer par les grands gagnants comptables de ce weekend : Red Bull. Je le disais en amont du weekend, l'équipe autrichienne avait ici la possibilité de reprendre la tête des deux championnats. Pour être honnête, bien que c'était mathématiquement faisable, j'en doutais... Force est de constater qu'aujourd'hui, Max Verstappen est leader du Championnat des Pilotes, et Red Bull est leader du Championnat des Constructeurs.
Une prise de pouvoir possible grâce à une stratégie très bien rodée, et grâce à un Max Verstappen irrésistible en course. Malgré une erreur en début de course qui l'emmène dans le bac à graviers, Super Max aura pleinement rattrapé cette faute en proposant un rythme de course impressionnant. Il remporte la course, aussi grâce au travail très important de Sergio Pérez qui, comme en ont été victime Bottas, Barichello, et bien d'autres avant lui, a dû laisser sa place en tête de la course à son coéquipier. Ce dernier l'aurait tout de même doublé, mais la consigne de l'équipe a été claire. Alors oui, ce n'est pas forcément ce qu'on aime voir, mais oui c'est le jeu, et c'est intelligent pour Red Bull et pour sa quête des titres.
Le Hollandais aura profité du mauvais weekend de Ferrari pour s'imposer. Pourtant, cela semblait plutôt bien parti, avec un duo de pilotes très rapide en Qualifications, Charles Leclerc sortant un tour énormissime le Samedi après-midi. Mais le lendemain, tout se complique... Carlos Sainz part à la faute quelques tours avant Verstappen, au même endroit, à cause du vent (selon eux), et reste ensuite coincé dans le peloton. Auteur d'une course anonyme, il n'aura pas pu être présent pour maintenir la Scuderia aux sommets quand son coéquipier n'est pas là.
Car oui, Charles Leclerc n'était pas là non plus, la faute à un turbo défectueux. Pourtant, au contraire de Carlos Sainz, et à l'image de Max Verstappen, le Monégasque maitrisait son sujet, très nettement, et avait devant-lui une nouvelle victoire promise. Un zéro pointé très dur à avaler, lui faisant perdre son siège de leader du classement. Ses supporters peuvent peut-être se consoler en se disant que s'il abandonne ici, il n'abandonnera pas à Monaco ce weekend...
L'autre équipe qui aura gagné très gros ce weekend, c'est Mercedes. Et c'est étonnant à dire cette saison, car depuis Bahreïn, les Flèches d'Argent souffrent. Mais voilà, les nouvelles évolutions apportées ce weekend semblent très efficaces, la voiture sautille moins, elle est donc plus basse, moins affectée par la prise au vent, et peut profiter de plus d'appui. Un doux mélange qui aura permis aux deux pilotes de terminer P3 et P4.
Et ce weekend, les deux auront été impressionnants. George Russell dans sa défense et son rythme de course aux avant-postes, dans la lumière, et Lewis Hamilton, relégué au fond de grille dès le premier tour suite à un contact avec Magnussen, qui aura offert une prestation XXL pour remonter P4. Si l'on regarde les écarts, il aura gagné 15 secondes sur la tête de course entre le premier tour et le dernier tour. Preuve que cette nouvelle Mercedes semble fonctionner.
Derrière ce trio de tête, on retrouve Valtteri Bottas, comme à son habitude dans les bons coups. Il avait même un pied sur le podium jusque dans le dernier relais de course, qui aura malheureusement pour lui profité à ses adversaires du jour.
Autre grosse performance, celle de Lando Norris, qui hisse sa McLaren à la P8. Outre le bon positionnement de sa voiture qui ne semble pas s'être améliorée ce weekend, ce qui est à souligner c'est une telle course en étant extrêmement malade. En effet, durant tout le weekend, le Britannique aura été victime d'allergies l'obligeant, pendant la parade des pilotes, à se réfugier dans un coin du camion, avec des serviettes autour du cou et sur les yeux... Bravo.
Enfin, dernière grosse performance, les deux Alpines. Mais comme trop souvent, c'est une prestation en demi-teinte, car bien que le résultat final soit très bon, la construction du weekend ne l'est pas. Des Qualifications complètement manquées, une stratégie en course qui a failli tourner au vinaigre, la marque française peut être heureuse de compter dans ses rangs deux très bons pilotes... Sinon, les résultats ne suivraient pas autant...
Pour terminer avec le top 10, Yuki Tsunoda marque le dernier point, et réalise une bien meilleure performance que son coéquipier, Pierre Gasly, victime de problèmes de performances.
Dernier point que j'ai envie de souligner ce weekend : Aston Martin. Les évolutions ne semblent pas améliorer la voiture, et c'est au contraire une très mauvaise publicité qui a été faite à l'équipe, à cause d'un modèle étrangement très proche de celui de Red Bull... Officiellement, la voiture est légale, mais je doute que Red Bull en reste là, et on n'a pas fini d'entendre parler de cette affaire...
En bref.
Qualifications – Pole position de C. Leclerc.
| E. Ocon P12, P. Gasly P14.
Grand-Prix – Victoire de M. Verstappen, suivi de S Pérez et de G. Russell.
| E. Ocon P7, P. Gasly P13.
+ Mercedes qui semble revenir dans la lutte en tête. À voir si la tendance se confirme sur les prochains rendez-vous.
+ Red Bull impériale, Max Verstappen intouchable, Sergio Pérez corporate.
+ Une course animée, intéressante, pleine de rebondissement...
– ... mais à cause de la météo. Sinon, on se dirigeait vers une procession.
– Le très mauvais weekend de Ferrari qui repart de Barcelone avec de gros regrets.
– Aston Martin qui reste au fond de grille malgré une V2 très « inspirée ».
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